Frédéric Back, lauréate

Naissance le 8 avril 1924 à Sarrebrück (Allemagne), décès le 24 décembre 2013 à Montréal

Biographie

Frédéric Back est un artiste engagé, un écologiste
fervent qui s’est porté à la défense de la nature à
travers toute son œuvre, d’Illusion ? (1974) au Fleuve aux grandes
eaux
(1993). Mais cette conscience sociale intraitable ne laisserait pas
une telle marque si elle n’était portée par une approche esthétique
cohérente et riche, qui renouvelle l’art du dessin animé en l’entraînant
sur la voie d’une sorte d’impressionnisme en mouvement. Il aura tout de même
fallu au cinéaste des années de pratique pour définir cette
esthétique, des années à illustrer des livres, à
réaliser des murales, à décorer des restaurants, des années
passées à mettre son talent au service de diverses émissions
pour la télévision de Radio-Canada. Et à travers cette
montagne de travaux, quelques films personnels à travers lesquels se
définit progressivement un style qui atteint sa plénitude à
partir de Tout rien (1978).

En 1981, avec Crac !, c’est la consécration, un succès
international, un premier Oscar et plus de 20 prix. On croit alors la carrière
de Back à son apogée, mais six ans plus tard, L’Homme qui plantait
des arbres
fait encore mieux avec un nouvel Oscar, le Grand Prix du Festival
d’Annecy et une trentaine d’autres récompenses internationales. Désormais
connu et reconnu au Québec comme à l’étranger, Back ne
change pas et demeure cet homme de convictions, à la fois modeste et
direct. Le statut dont il bénéficie maintenant ne lui sert qu’à
attirer plus d’attention sur les causes qu’il endosse.

Alsacien formé à l’École des beaux-arts de Rennes par
Mathurin Méheut, Back est homme de culture qui n’hésite pas à
citer, à l’intérieur de ses films, les peintres qu’il admire.
C’est d’abord Chagall dans Illusion ?Crac !, ou encore Monet et Brueghel
dans L’Homme qui plantait des arbres. Mais toutes ces références
s’intègrent au tissu des films sans ostentation, avec le naturel et la
simplicité qui marquent l’approche de l’artiste.

Point d’orgue d’une œuvre imposante, Le Fleuve aux grandes eaux
est un film porté par l’urgence, un film habité autant par l’amour
et l’admiration envers la nature que par l’indignation et la colère face
à la conduite irresponsable des hommes dans leur course au profit. Avec
cette réalisation grandiose, couronnée elle aussi par le Grand
Prix d’Annecy et d’Hiroshima, Frédéric Back persiste et signe.
Cet homme pacifique continue d’exprimer ses idées fermement, son œuvre
élève la voix pour lui.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
28 octobre 1991

Membres du jury :
Rock Demers (président)
Robert Daudelin
François Dompierre
Monique Mercure
Crédit photo :
  • Ronald Maisonneuve
Texte :
  • Marcel Jean