André Gosselin, lauréate

Horticulteur

Naissance le 24 août 1956 à Saint-Laurent-de-l‘Ile-d‘Orléans, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Il y a 25 ans, toutes les tomates et les laitues consommées durant l’hiver au Québec étaient importées de Floride, de Californie ou d’Israël. La saison des fraises, elle, se limitait à quelques semaines au début de l’été. Pourtant, les producteurs agricoles de l’époque utilisaient environ deux fois plus de pesticides qu’aujourd’hui. Grâce aux travaux de l’équipe du professeur André Gosselin et au dynamisme qu’il a insufflé à la recherche en horticulture au Québec, les choses ont bien changé. En mettant au point des techniques novatrices et en s’assurant qu’elles pouvaient être rapidement mises à profit, le chercheur a aidé le secteur québécois de l’agriculture à innover, à adopter de meilleures pratiques environnementales et même à créer des emplois.

Né en 1956 sur une ferme de l’île d’Orléans, André Gosselin est un pur produit du terroir québécois. Dans cette famille de six enfants, on a toujours consommé bien plus de fruits et de légumes que ce que conseillent les guides alimentaires! Sitôt son cours classique terminé, il s’inscrit au baccalauréat en agronomie à l’Université Laval, où se déroule toute sa carrière. Après un stage d’un an au Département d’horticulture de l’Université de Guelph, en Ontario, l’étudiant revient à Québec en 1978. Sous la direction du professeur Marc J. Trudel, il consacre sa maîtrise, puis son doctorat, aux techniques de culture en serre, avant d’être nommé professeur en 1984.

Son premier objectif : aider les producteurs maraîchers à s’affranchir des rigueurs de l’hiver pour pouvoir concurrencer les producteurs étrangers. Avec l’appui de plusieurs partenaires, dont Hydro-Québec, André Gosselin élabore une technologie d’éclairage photosynthétique qui prolonge la durée du jour et augmente l’ensoleillement de manière artificielle. À l’abri dans des serres, tomates, concombres, laitues et poivrons poussent désormais en toutes saisons.

Cette technique est rapidement adoptée par plusieurs entreprises au Québec, mais aussi dans les pays scandinaves, aux États-Unis, en France et en Belgique. Sans pour autant délaisser son laboratoire, le chercheur se fait entrepreneur. Avec l’aide de sa famille, André Gosselin fonde l’entreprise Les serres du Saint-Laurent, qui connaît un succès commercial retentissant avec ses tomates de serre vendues sous la marque Savoura. La compagnie née en 1989 emploie aujourd’hui 350 personnes. Elle produit plus de 220 tonnes de tomates par semaine dans six immenses serres réparties partout au Québec et dont la superficie totale équivaut à 34 terrains de football.

Par ailleurs, André Gosselin et ses collègues Yves Desjardins et Roger Bédard développent la culture du fraisier à production continue, dont on peut récolter les fruits de juin à septembre. Une vingtaine d’entreprises cultivent aujourd’hui ce type de fraises au Québec, dont Les Fraises de l’Île d’Orléans, fondée par le chercheur et sa famille en 1979. Il est aussi à l’origine des premiers cultivars de fraisiers et de framboisiers nutraceutiques au monde, qui contiennent un taux record d’antioxydants. En 2006, le professeur crée une nouvelle compagnie, Nutra Canada, pour commercialiser des extraits de ces petits fruits ainsi que des légumes et des plantes médicinales.

Mais, même si le succès commercial est au rendez-vous, André Gosselin reste avant tout un universitaire plus intéressé par les découvertes et les échanges avec ses étudiants que par le monde des affaires. Depuis ses débuts, il a publié quelque 150 articles scientifiques et donné plus de 300 conférences dans le monde. Professeur très apprécié, il a aussi encadré 80 étudiants diplômés et chercheurs postdoctoraux.

Pourtant, lorsqu’il commence sa carrière à l’Université Laval, la recherche en horticulture se résume à bien peu de choses : les laboratoires sont installés dans un ancien garage et les effectifs sont très limités. Conscient du potentiel des recherches dans ce domaine, André Gosselin se démène pour permettre le recrutement de nouveaux professeurs. En 1989, il fonde le Centre de recherches en horticulture, qui compte aujourd’hui 150 membres. Directeur du département de phytologie, puis doyen de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de 1995 à 1998, André Gosselin est à l’origine de la création de l’Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels qui, avec ses 300 chercheurs, est aujourd’hui un chef de file de la recherche dans ce domaine au Canada.

Le professeur est aussi le père de l’Envirotron, pavillon de l’Université Laval construit en 1993 au coût de douze millions de dollars. Persuadé du bien-fondé de ce projet, il a su convaincre un nombre record d’entreprises privées d’investir dans les équipements et la bâtisse. C’est là d’ailleurs qu’en 1997, André Gosselin et son équipe réalisent un véritable exploit : préparer l’éclosion simultanée de quelque 2 000 plants pour les Floralies internationales de Québec. Le chercheur est l’un des cofondateurs de cet événement, qui a connu un grand succès touristique et horticole.

Sensible depuis toujours à la qualité de l’environnement, André Gosselin travaille aussi à améliorer les pratiques horticoles pour réduire leur impact. Avec son collègue Serge Yelle et plusieurs chercheurs, il invente une technologie de valorisation des résidus de désencrage pour la papeterie Daishowa de Québec. Les résultats obtenus persuadent même les plus réticents qu’il n’y a aucun danger à fertiliser des cultures avec ces résidus compostés. Cette technique a depuis été adoptée par plusieurs autres papeteries.

Toutes ces activités ont valu au professeur Gosselin d’être reconnu et honoré sur le plan international. En 1999, il est le premier Québécois francophone à recevoir le titre de Fellow de la Société américaine des sciences horticoles. À la demande de la Food and Agriculture Organization (FAO), le professeur de Québec donne des conférences dans plusieurs pays, dont la Pologne, l’Italie, l’Iran et la Lituanie. Il est aussi consultant scientifique auprès de nombreuses entreprises internationales. En 2009, il a coprésidé le congrès international Greensys 2009, qui a réuni à Québec plus de 500 spécialistes de la serriculture provenant de 30 pays.

Père de trois enfants, Guillaume, étudiant en génie mécanique, ainsi que Jeanne et David, des jumeaux de cinq ans, André Gosselin partage son temps entre la recherche, l’enseignement et sa famille. Depuis quelques années, il habite de nouveau à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans, sur le bord du fleuve. Le professeur ne manque pas de projets pour les années à venir : il aimerait, entre autres, explorer plus à fond le potentiel des plantes médicinales du Québec.

Information complémentaire

Membres du jury :
Jean-Pierre Martin
(président)
Leslie Rusch
Danielle Rivard
Pierre Pedneau
Mourad Debbabi

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale
Réalisation : Alain Drolet
Assistante à la réalisation : Geneviève Allard
Coordinatrice de production : Pascale Rousseau
Caméra et direction photo : Ronald Landry
Caméra : Alain Drolet
Prise de son : Donald Fortin
Montage : Daniel Labbé, ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale
Montage sonore : Réjean Gagnon, Studio Expression
Programmation DVD : Daniel Labbé, ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale
Compression numérique : Francis Laplante, IXmédia
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens : André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevue : Binh An Vu Van
Lieu du tournage : Envirotron, Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, Université Laval (Québec)
Œuvre : Carrefour vers le jardin, d’Hélène Rochette
Texte :
  • Valérie Borde