Marie-Hélène Falcon, lauréate

Témoignage

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Biographie

Depuis 30 ans, et même plus, Marie-Hélène Falcon quadrille la planète en quête du versant lumineux de la création scénique contemporaine. D’un festival international à l’autre, elle reçoit les spectacles comme des électrochocs et trouve ses points de repère dans l’authenticité des artistes.

« Au début des années 1980, à Montréal, la vie artistique était incontestablement passionnante et diversifiée, mais il nous manquait une ouverture sur le monde. Dans mes voyages à l’étranger, je découvrais des artistes et des œuvres qui me bouleversaient et renforçaient ma conviction de l’urgence de créer chez nous ce formidable appel d’air qu’est un festival international. »

Son désir est alors de mettre sur pied un festival qui accueille des artistes majeurs du théâtre contemporain. Des artistes dont la parole est provocante et assumée. Des artistes qui émergent du lot par l’audace de leurs propositions artistiques et par le regard singulier qu’ils portent sur le monde et sur leur société.

En 1985, Marie-Hélène Falcon fonde avec Jacques Vézina le Festival de théâtre des Amériques (FTA), qui placera d’emblée Montréal dans le circuit des grands festivals internationaux. Devenu le Festival TransAmériques en 2007, cet événement phare propose des pratiques de pointe en théâtre, danse, performance et autres formes hybrides, inclassables et « indisciplinées ».

Âme dirigeante et artistique de son festival, Marie-Hélène Falcon en fait un espace de dialogue entre artistes de toutes générations et des quatre coins du monde. « Aller plus loin. Aller ailleurs. Chercher à côté. Dans la marge. J’ai toujours eu cette pulsion. Cela doit être dans ma nature. »

Puis, son travail suscite un écho démultiplié en amenant (entre autres!) les Robert Lepage, Gilles Maheu, Denis Marleau, Brigitte Haentjens, Marie Chouinard, Marie Brassard, Wajdi Mouawad, Daniel Léveillé, Christian Lapointe et Frédérick Gravel à entrer dans la lumière. Marie-Hélène Falcon parle avec humilité d’un simple élan à leur carrière. Robert Lepage, lui, la qualifie de « sage-femme de la création québécoise pour la scène ».

Toujours, elle demeure à bonne distance de la facilité et des lieux communs. À l’instinct et avec résolution, elle repère les pratiques les plus innovantes qui, aux yeux d’autres personnes, auraient pu rester dans l’angle mort. Le fil conducteur de ses choix : faire confiance à l’intelligence du public et inviter ce dernier à prendre le pouls de la planète du point de vue des artistes. Et le temps lui donne raison, puisque le sceau de Marie-Hélène Falcon a une valeur d’endossement pour un spectacle ou pour un artiste.

Esprit fin et anticonformiste, la directrice artistique se dit fière d’avoir offert aux spectateurs d’ici les œuvres mémorables des Ariane Mnouchkine, The Wooster Group, Romeo Castellucci, Alain Platel, Krzysztof Warlikowski, Mariano Pensotti, Israel Galván, Ivo van Hove et tant d’autres. « Il y a des artistes dont on ne peut épuiser l’imaginaire! »

On pourrait croire qu’elle a tout vu de la création scénique actuelle. C’est presque vrai. D’ailleurs, son vaste savoir artistique fait d’elle une référence dans le monde lors de rencontres de réflexion sur les enjeux du théâtre contemporain.

Bien avant le FTA — dans les années 1970, au Festival du théâtre étudiant du Québec et à l’Association québécoise du jeune théâtre —, Marie-Hélène Falcon portait en elle cette vision et cette façon de ne pas faire comme les autres. Dans sa vie professionnelle, elle situe donc toujours sa zone de confort dans la prise de risques, sans déroger de sa ligne directrice.

« Un festival n’est pas qu’une accumulation de bons spectacles. C’est une prise de position en faveur de la parole essentielle des artistes d’aujourd’hui. C’est le désir de la faire entendre. Et, c’est fondamental, c’est une quête du sens et de la beauté. »

Avec 435 spectacles présentés et 46 pays accueillis, Marie-Hélène Falcon lègue à son équipe et au public un FTA en phase avec son époque, toujours avec la même pertinence, la même verve et la même impétuosité. Pour la fondatrice, tout ce parcours n’aura jamais été un boulot. Il s’inscrit plutôt dans un mode de vie, dans un état d’être.

« À l’origine, c’était un rêve. Je n’ai jamais pensé y consacrer 30 ans de ma vie, mais l’univers de la création artistique est inépuisable. Impossible d’en faire le tour. Et, fort heureusement, le festival continue sur sa lancée. »

Information complémentaire

Membres du jury :
Marie-Michèle Desrosiers
Sylvain Émard
Michel Gonneville
Dominique Leduc (présidente)
Louise Martin

Crédit photo :
  • Éric Labonté
Texte :
  • Annie Boutet