Pavel Hamet, lauréate

Endocrinologue

Naissance le 13 juin 1943 à Klatovy, République Tchèque, décès le à 

Biographie

Il est médecin, chercheur, administrateur, professeur, père de quatre enfants et grand amateur de poissons tropicaux. Il parle couramment quatre langues (le tchèque, le français, l’anglais et le russe) et compte plus de 350 publications et environ 550 communications scientifiques, dont un bon nombre d’entre elles rédigées en collaboration avec la docteure Joanne Tremblay, son épouse et collègue de longue date. Il est membre d’une trentaine de sociétés savantes canadiennes et étrangères, siège aux conseils d’administration de plusieurs organismes, de Pharmavision Québec à l’Hôpital Sainte-Justine, outre qu’il participe aux conseils de rédaction d’une vingtaine de revues savantes, agit à titre de conseiller scientifique de différentes compagnies de biotechnologies, est titulaire de sept brevets et président de la Société québécoise d’hypertension artérielle… Pavel Hamet semble infatigable, et il se montre toujours souriant et disponible!

Une banale chirurgie est à l’origine de cette carrière impressionnante. À 12 ans, dans la Tchécoslovaquie communiste de l’après-guerre, le jeune Pavel est opéré de l’appendicite. Dès sa sortie de l’hôpital, le garçon prend une décision : il sera médecin. Il poursuit ses études à la prestigieuse Université Charles, à Prague, où il se passionne autant pour la médecine que pour la recherche. Avant même la fin de ses études, il publie deux articles dans des revues savantes! En 1966, Pavel Hamet visite Montréal à l’occasion d’un échange d’étudiants. C’est le coup de foudre. Le Praguois est sidéré par le nombre de trous qui parsèment Montréal : le métro, la Place des arts, etc. On construit même une île! L’année suivante, il quitte définitivement la Tchécoslovaquie, où le travail de chercheur est difficile faute de moyens, et s’installe à Montréal avec un dollar en poche. Ses talents de médecin chercheur n’échappent pas au docteur Jacques Genest, qui lui offre une bourse à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). Sa carrière est lancée. En 1972, Pavel Hamet obtient son doctorat à l’Université McGill, tout en terminant sa spécialité en endocrinologie à l’Université de Montréal. En bon Québécois, raconte-t-il en riant, il part alors en pèlerinage aux États-Unis, à l’Université Vanderbilt du Tennessee.

Depuis cette époque, Pavel Hamet s’intéresse à un des plus grands fléaux de notre société, l’hypertension. Ce trouble, qui touche 16 p. 100 des hommes, 13 p. 100 des femmes et environ la moitié des personnes de plus de 55 ans, peut être présent pendant des années sans provoquer aucun symptôme, puis déclencher soudainement un accident vasculo-cérébral ou une crise cardiaque, qui constituent actuellement les principales causes de décès au Canada. En 1975, le chercheur établit son propre laboratoire sur les mécanismes de l’hypertension, à l’IRCM. À cette époque, les médicaments antihypertenseurs provoquent un grand nombre d’effets indésirables. Aujourd’hui, même si les effets secondaires des traitements sont beaucoup moins marqués et si l’on parvient parfois à maîtriser la maladie en adoptant une meilleure hygiène de vie, on connaît encore mal les causes de l’hypertension. Après avoir étudié les processus biologiques responsables de ce trouble pendant plusieurs années, en collaboration avec l’industrie pharmaceutique, le docteur Hamet oriente ses travaux vers la génétique et la médecine préventive, tout en continuant à suivre ses patients.

« J’ai toujours cherché à rapprocher le plus possible la recherche fondamentale des malades, à accélérer le processus qui conduit de la découverte au traitement », explique Pavel Hamet. Son approche multidisciplinaire, qui fait appel autant à la biologie moléculaire qu’à l’épidémiologie ou à la génomique, et l’envergure de sa production scientifique lui valent une réputation internationale exceptionnelle. Médecin par goût, scientifique par défi, Pavel Hamet devient aussi administrateur, « par souci d’efficacité, pour que la science progresse plus vite ». De 1990 à 1997, il assume la direction scientifique de l’Hôtel-Dieu de Montréal. Puis on le nomme directeur de la recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, où il parvient à réunir des chercheurs venant de trois centres autour d’une mission commune. Malgré toutes ses responsabilités et ses 70 heures de travail hebdomadaires, Pavel Hamet trouve encore le temps de skier, de faire du vélo et de la planche à voile. Pour se détendre, il compte aussi sur ses poissons d’eau salée qui, à l’abri dans de grands aquariums, lui tiennent compagnie chez lui comme à son bureau. « C’est un peu une manière de faire de la plongée pendant mes heures de travail », précise-t-il, en éclatant de rire.

Le médecin a déjà reçu de nombreux prix. En 1972, Pavel Hamet obtient le prix Recherche de la Société canadienne cardiovasculaire et, en 1983, il est nommé Grand Montréalais de l’avenir, dans la catégorie «Médecine». En 1996, il reçoit le Prix du scientifique de renommée de la Société canadienne de recherches cliniques et le Prix d’excellence en recherche de la Société canadienne de cardiologie en 1998. Et Pavel Hamet récolte aussi les distinctions à l’étranger. En 1990, il reçoit le prix Harry Goldblatt de l’American Heart Association, puis la Médaille d’or de l’Académie des sciences de la République tchèque en 1994. La même année, il est nommé professeur honoraire de la Shanghai II Medical University, en Chine. Deux ans plus tard, c’est au tour de l’Académie des hommes de sciences de Roumanie de l’honorer.

Modeste lorsqu’il évoque ses succès, le docteur Hamet s’enthousiasme en parlant de ses projets. Grâce à la génétique, croit-il, on peut espérer rapidement individualiser la médecine préventive, en offrant par exemple aux personnes possédant des gènes de prédisposition à certaines maladies des traitements préventifs qui correspondent exactement à leur profil. Issue majoritairement de quelques familles souches, la population du Québec possède un patrimoine génétique très particulier, que le docteur Hamet entend bien mettre au profit de ses concitoyens. Depuis 1998, il participe activement, en tant que chercheur titulaire, aux travaux de l’Institut interuniversitaire de recherche sur les populations (IREP) et du Centre de médecine génique communautaire, basé à Chicoutimi. Déjà, sous sa gouverne, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) met sur pied un service de médecine génique qui permet une prévention plus ciblée des cancers du sein qui menacent certaines femmes porteuses de gènes de prédisposition à cette maladie. « Et je ne prendrai pas ma retraite avant que la prévention individualisée, un changement majeur en médecine, puisse aussi être appliquée à l’hypertension », insiste-t-il d’un ton enjoué, mais déterminé.

Résumé de la carrière de Pavel Hamet

1967
Doctorat en médecine de l'Université Charles

1972
Prix de recherche de la Société canadienne cardiovasculaire

1975
Prix Jonathan-Ballon-Memorial de la Fondation des maladies du cœur du Québec

1981
Prix Astra de la Société canadienne de l'hypertension artérielle

1983
Grand Montréalais de l'avenir (médecine)

1989
Prix Marcel-Piché de l'Institut de recherches cliniques de Montréal

1990
Prix Harry Goldblatt de l'American Heart Association

1994
Médaille d'or de l'Académie des sciences de la République tchèque

1996
Prix du scientifique de renommée de la Société canadienne de recherches cliniques

1998
Prix d'excellence en recherche de la Société canadienne de cardiologie

2000
Médecin de mérite (20e anniversaire de L'Actualité médicale)

2001
Prix Wilder-Penfield

Information complémentaire

Date de remise :
20 novembre 2001

Jury :
Normand Marceau
Michel A. Bureau
Cathy Bushnell
Franco Lepore
Michel Trudel

Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Valérie Borde