Roger Frappier, lauréate

Naissance le 14 avril 1945 à Sorel, décès le à 

Biographie

Il est difficile d’imaginer Roger Frappier à l’œuvre dans un autre
domaine que le cinéma. Pour le profane, un producteur de cinéma
est celui qui a pour tâche d’assurer le montage financier en vue du tournage
et de la présentation d’un film en salle. Cela est vrai de certains producteurs
dans des pays où beaucoup de films sont tournés, comme aux États-Unis,
commente Roger Frappier. Cependant, il ajoute immédiatement que tous
les producteurs ne sont pas de ce type. En ce qui le concerne, il réclame
haut et fort sa part de création : un producteur est un créateur
en ce sens que, du début à la fin du projet, « il faut qu’il
voie le même film que le cinéaste ». C’est pour cette raison
qu’il juge important d’être de toutes les étapes de la production,
à partir de l’idée qu’élabore un scénariste ou un
réalisateur.

Le succès et la renommée de Roger Frappier en tant que producteur
tendent à confirmer la justesse de son point de vue. En 1986, il coproduit
le film de Denys Arcand, Le Déclin de l’empire américain,
qui a été jusqu’ici le plus grand succès du cinéma
québécois. Ce film est mis en nomination pour l’Oscar du meilleur
film de langue étrangère, tout comme ce fruit du même tandem,
Jésus de Montréal, en 1989. Roger Frappier produit également
avec le succès que l’on sait Un zoo la nuit (1987) de Jean-Claude
Lauzon et, en 1998, Un 32 août sur terre de Denis Villeneuve et
Deux secondes de Manon Briand, des premiers films. Il a aussi collaboré
avec Léa Pool, Yves Simoneau, Jacques Leduc, Eliseo Subiela, Jean-Philippe
Duval, Robert Ménard et Marc-André Forcier, pour ne nommer que
ceux-là.

Depuis qu’il est producteur, Roger Frappier fait donc travailler à la
fois des cinéastes accomplis et ceux qu’il estime les plus talentueux
parmi la relève. Si un mot devait résumer l’ambition de Roger
Frappier pour le cinéma québécois, ce serait « continuité
». Le défi le plus important qu’ont à relever de petites
communautés comme celle du Québec, il le voit dans celui de pouvoir
y faire travailler ses meilleurs créateurs, ses meilleurs cinéastes,
le plus régulièrement possible. Il croit avant tout au «
poids de l’œuvre ».

Producteur indépendant depuis 1986, Roger Frappier a eu l’insigne honneur,
en 1998, d’être l’un des onze producteurs venant de tous les coins du
monde que les organisateurs du 51e Festival de Cannes ont tenu à honorer
de façon particulière. Et il se défend bien d’être
un réalisateur frustré. En acceptant le rôle de producteur,
il a tout simplement voulu devenir « le producteur que, lui, aurait aimé
avoir alors qu’il était réalisateur ».

Information complémentaire

Date de remise du prix :
23 novembre 1999

Membres du jury :
Louise Jobin (présidente)
Werner Nold
Luc Perreault
Louise Portal

Crédit photo :
  • Louis-Michel Major
Texte :
  • Gaëtan Lemay et Claude Janelle