Tony Falco, lauréate

Naissance le 20 août 1971 à Montréal, décès le à 

Biographie

Dès son plus jeune âge, Tony Falco cultive son intérêt pour les sciences physiques et la biologie en s’inspirant de livres et d’émissions sur les animaux. Aiguillé par ses professeurs au cégep, il franchit les portes de l’Université McGill en 1990 et entreprend des études en physique avec spécialisations en imagerie, en physique des solides et en physique atmosphérique. Après l’obtention d’une maîtrise en physique avec une spécialisation en médecine, il décide de combiner ses deux passions et obtient en 1998 un doctorat en physique médicale.

L’homme se dirige vers une double carrière de chercheur et de clinicien. Il devient résident en physique médicale au département d’oncologie du Centre universitaire de santé McGill, où il travaille avec une équipe de spécialistes à mettre au point et à prescrire les meilleurs traitements aux personnes atteintes de cancer. Parallèlement, il enseigne aux cycles supérieurs la physique médicale appliquée et supervise, en tant que chercheur en chef, des étudiants à la maîtrise et au doctorat.

Améliorer de façon tangible les soins aux patients

À la fin des années 90, l’imagerie par rayons X constitue la méthode privilégiée pour le traitement du cancer, mais son imprécision génère des doses inutiles de radiation. Le Dr Falco est, entre autres, particulièrement sensible à la situation des enfants et à celle des femmes atteintes du cancer du sein, car toutes les les doses de rayons Xaugmentent le risque ultérieur de cancer chez les jeunes patients et sont particulièrement risquées pour les tissus mammaires environnants.

Côtoyer jour après jour les malades le pousse à mettre au point une nouvelle technique d’imagerie qui permet de concevoir de meilleures façons d’obtenir des images du cancer, d’améliorer le ciblage du traitement et d’éviter ainsi de toucher les tissus sains adjacents.

Ses travaux le font opter pour une approche révolutionnaire ouvrant la voie à des méthodes non ionisantes. Il réalise que l’imagerie classique par ultrasons peut être adaptée pour obtenir une imagerie évoluée en 3D et même en 4D. Les avantages de cette technique sont tangibles par rapport aux rayons X, car elle est mieux appropriée pour les tissus mous, attaqués par la plupart des cancers, en plus de permettre d’économiser du temps et d’éviter la radiation excessive.

Le Dr Falco crée également une interface utilisateur ainsi que des outils automatisés capables de localiser le cancer afin non seulement d’accélérer le processus, mais aussi d’en simplifier l’utilisation pour le personnel. Cette technique représente une percée scientifique majeure dans les soins aux malades.

Un sens aigu des affaires et un leadership fort

Le lauréat 2015 du prix Lionel-Boulet a non seulement les qualités d’un grand chercheur, mais aussi celles d’un entrepreneur aguerri. Il souhaite d’abord matérialiser ses idées et fonde Resonant Medical Inc. (RMI) en 2000, avec pour objectif de commercialiser ses produits à l’international. Grâce au potentiel de ses inventions, jumelé à la vision commerciale et technologique du chercheur, l’entreprise amasse plus de 50 millions de dollars en fonds de démarrage et de développement.

En 2009, il propose une méthode de surveillance du mouvement des tumeurs cancéreuses pendant le traitement de radiothérapie qui utilise un système d’ultrasons 4D. Cette innovation assure un suivi en temps réel, même si la localisation du cancer dans le corps subit des changements soudains, causés par exemple par la respiration ou d’autres mouvements physiologiques. Le système Clarity demeure d’ailleurs la seule technologie 4D qui permet l’obtention d’images pour détecter cette maladie à la fois avant et pendant le traitement.

L’année suivante, souhaitant accélérer l’expansion mondiale de sa découverte, le brillant scientifique négocie l’acquisition de RMI par Elekta. Présente dans plus de 5 000 hôpitaux et centres dans le monde, cette multinationale suédoise est l’un des plus grands acteurs de l’industrie de la radio-oncologie.

Nommé vice-président principal d’Elekta et président d’Elekta Canada et d’Elekta Montréal, il réussit, grâce à son influence, à transférer de Toronto à Montréal le siège social canadien. À ce jour, l’entreprise de Tony Falco détient plus de 120 brevets individuels relevant de 20 familles de brevets (dont 16 publiques) et de nombreuses autorisations réglementaires à travers le monde. Ses idées et les produits de la marque fabriqués au Québec et vendus dans plus de 24 pays jouissent d’une forte reconnaissance.

« Resonant Medical Inc. est devenue la pierre d’assise de la présence d’Elekta au Canada et elle maintient toujours l’ensemble de l’expertise de recherche et de développement ici même, à Montréal », mentionne le Dr Falco avec une grande fierté. D’ailleurs, il se fait régulièrement demander comment le Québec a pu créer une telle entreprise. Et lui de répondre avec une pointe d’humour que la vraie question est « pourquoi n’y en a-t-il pas plus, parce que nous avons ici le savoir-faire ».

L’homme d’affaires réussit également à réunir des spécialistes de haut calibre de partout dans le monde. Avec eux il fonde la société Clarity, qui a pour but d’éduquer les fournisseurs de soins oncologiques quant à l’importance de l’imagerie non effractive dans le guidage de la radiothérapie du cancer.

Il contribue aussi à la création d’une chaire de recherche industrielle en technologies de pointe en radiothérapie et a récemment mis sur pied le Groupe de recherche sur la gestion des mouvements. C’est sans compter les 25 partenariats de recherche clinique industrie-université qu’il a scellés avec des centres hospitaliers et des chefs de file de l’industrie au Canada et à l’international, notamment aux États-Unis, en Europe et en Asie.

Une découverte aux répercussions majeures

Ardent défenseur de la médecine personnalisée, le Dr Falco est un visionnaire. Ses inventions sur les ultrasons ont permis de déceler les cellules cancéreuses cachées par les faisceaux des rayons, augmentant ainsi la confiance des médecins et des patients. Aujourd’hui, plus d’un million de traitements cliniques ont été effectués sur la base de cette technologie par des établissements de santé majeurs à travers le monde, et ce nombre augmente constamment. Considérant que 14 millions de personnes reçoivent un diagnostic de cancer chaque année et que 50 % d’entre elles sont traitées en radiothérapie, les travaux de ce pionnier de l’imagerie par ultrasons 3D et 4D auront dans un futur proche une portée considérable dans le combat contre ce fléau.

Inventeur de plus de 60 brevets, le Dr Falco a rédigé 35 publications scientifiques dans des domaines tels que la physique atmosphérique, l’imagerie médicale et non effractive ainsi que la médecine personnalisée. Son expertise lui a valu plusieurs bourses d’excellence et plusieurs subventions de recherche. Par ailleurs, il est devenu en 2003 le plus jeune physicien médical de l’histoire du Collège canadien des physiciens en médecine à obtenir le statut de fellow. En 2006, l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec lui a remis le Prix Innovation.

Sa contribution essentielle à l’évolution de la radio-oncologie et son rôle déterminant dans la reconnaissance du Québec au sein des communautés de la recherche médicale à l’international sont indéniables. Le Dr Falco est conscient que malgré les grands progrès réalisés au cours des dernières années, un nombre important de cancers récidivent encore aujourd’hui. Résolument optimiste, il demeure très confiant en l’avenir et travaille actuellement au développement d’une nouvelle génération de produits et d’un brevet pour détecter les cancers résiduels par ultrasons en utilisant l’imagerie radiofréquence. Son objectif pour les cinq prochaines années : mettre au point des traitements encore plus personnalisés et plus sécuritaires pour chaque personne souffrant du cancer. Le bien-être du patient restera toujours pour lui un incontournable.

Information complémentaire

Membres du jury :
Marc-André D’Aoust
Vincent Duchaine (président)
Camille Gagnon
Jean-Yves Trépanier
Philippe Walker

Crédit photo :
  • Éric Labonté
Texte :
  • MEIE