Claudia Mitchell, lauréate

Biographie

La professeure Claudia Mitchell est reconnue à travers le monde pour ses recherches sur les enjeux entourant la vie des filles et des jeunes femmes. Plus particulièrement, elle s’intéresse à la prévention de la violence fondée sur le sexe et à la sensibilisation au VIH et au sida.

Mère de trois filles, elle s’est spécialisée dans les études de genre. Elle donne une voix à des personnes touchées par des questions de sécurité ou de discrimination, pour voir avec elles comment provoquer un changement social par l’engagement communautaire. Pour mener ses recherches, elle utilise des méthodes visuelles participatives comme la vidéo et la photographie.

C’est lors d’un projet en Afrique qu’elle a constaté la force de l’art pour dénoncer des problèmes sociaux sur lesquels il n’est pas toujours facile de mettre des mots. Elle avait demandé à un groupe d’élèves de prendre des photos des endroits où elles ne se sentaient pas en sécurité. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que les toilettes de l’école faisaient partie des lieux où les jeunes filles s’estimaient le plus menacées! Elle a ensuite monté une exposition avec leur collaboration. En voyant les photos, le personnel enseignant a pris conscience de la situation vécue par les filles.

La force du travail de Claudia Mitchell, c’est d’ailleurs de mettre en contact les jeunes filles qui participent à ses projets avec des décideurs et des politiciens. Ceux-ci comprennent souvent les inégalités et les injustices vécues en voyant le message véhiculé par les œuvres d’art. « Nous disons aux participantes qu’elles ont leur place dans ce monde. Nous les encourageons à agir pour changer les choses, souligne la chercheuse. Quand je vois des gens en situation d’autorité échanger avec ces filles, c’est la partie la plus satisfaisante de mon travail! »

Claudia Mitchell s’est notamment engagée au Vietnam auprès de jeunes filles de 12 à 19 ans vivant avec un handicap. « On leur a demandé ce qui pouvait être fait ou changé pour améliorer leur qualité de vie. » Représentant l’un des groupes les plus marginalisés de la société vietnamienne, ces jeunes filles ont influencé un grand nombre d’organismes non gouvernementaux à Hanoï. Cela a même poussé le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) à mener de vastes consultations auprès des filles handicapées.

Parmi les hauts faits de ses 40 ans de carrière, la professeure Mitchell a créé la discipline universitaire Girlhood Studies, une expression pouvant être traduite par « études axées sur la jeunesse féminine ». En 2008, elle a cofondé la revue Girlhood Studies: An Interdisciplinary Journal afin d’offrir une publication universitaire spécialisée sur les sujets concernant la vie des filles et des jeunes femmes. L’année suivante, celle-ci recevait le prix d’excellence de l’Association of American Publishers pour la meilleure nouvelle revue en sciences sociales.

Cette pionnière a également fondé le Participatory Cultures Lab à l’Université McGill en 2010, un laboratoire destiné à former les étudiants à la maîtrise et au doctorat dans le domaine des méthodes visuelles participatives.

Enfin, la professeure Mitchell a créé, en 2015, l’Institut de recherche pour le développement et le bien-être humain, qu’elle dirige aujourd’hui. Pilotant de nombreuses initiatives portant sur l’épanouissement et le bonheur, l’Institut préconise l’utilisation de méthodes visuelles participatives dans la guérison et le mieux-être.

Au cours des 25 dernières années, Claudia Mitchell a reçu près de 45 millions de dollars en fonds de recherche. Chercheuse prolifique, elle a publié une trentaine de livres, quelques centaines d’articles dans des revues scientifiques, des chapitres encyclopédiques et 25 rapports importants sur les enjeux liés aux violences sexistes et au VIH/sida.

Experte reconnue dans son domaine, elle a été conseillère auprès d’organisations internationales comme l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’UNICEF et ONU Femmes. Elle a reçu plusieurs prix et distinctions pour souligner les nombreuses retombées de son travail, dont la Médaille d’or du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) en 2016.

Quand on lui demande ce qui motive ses recherches, elle fait remarquer à quel point, partout à travers le monde, les filles ont droit à moins de privilèges que leurs compatriotes masculins. Par exemple, plusieurs d’entre elles ne peuvent aller à l’école pour des raisons familiales ou sociales. « Quand on sait à quel point l’éducation peut améliorer la vie de quelqu’un, on ne peut faire autrement que d’essayer de changer les choses. »

Claudia Mitchell dit tirer son énergie contagieuse de tous les projets auxquels elle participe. « Ça me passionne tellement! » conclut-elle.

Information complémentaire

Membres du jury
Nathalie de Marcellis-Warin (présidente)
Thierry Giasson
Bertrand Gervais
Richard E. Tremblay
André Lacroix

Crédit photo :
  • Éric Labonté