Gilles Marcotte, lauréate

Naissance le 8 décembre 1925 à Sherbrooke, décès le 20 octobre 2015 à Montréal

Biographie

Chez Gilles Marcotte, l’écriture, même dans ses œuvres de
fiction (Le Poids de Dieu, 1962 ; La Vie réelle, 1989),
découle d’un dialogue intense avec d’autres œuvres, d’autres auteurs.
Sous l’écrivain, il y a indiscutablement un grand lecteur.

Son travail incessant sur les œuvres d’ici lui a permis d’acquérir
une connaissance incomparable de notre littérature. C’est ainsi qu’il
produit au début des années soixante un premier recueil d’études
littéraires, Une littérature qui se fait, qui pose un des
jalons cruciaux dans l’étude de la littérature québécoise.

Venu au monde des lettres par la voie du journalisme – il a été
critique littéraire au Devoir, de 1949 à 1955, puis à
La Presse, de 1961 à 1966 –, Gilles Marcotte a 40 ans quand
il devient professeur au Département d’études françaises
de l’Université de Montréal. Il poursuit alors son interprétation
de cette « littérature qui se fait » dans Le Temps des poètes
(sa thèse de doctorat, publiée en 1969), Le Roman à
l’imparfait
(1976), et dans l’Anthologie de la littérature québécoise
(1978-1980) en quatre volumes, imposant ouvrage qu’il a dirigé.

Durant près de 30 ans, Gilles Marcotte forme des générations
de lettrés à qui il communique sa passion. « Si l’on enseigne,
c’est pour s’instruire », déclare-t-il. Selon plusieurs observateurs
avisés, Gilles Marcotte, par ses écrits et par les conférences
qu’il a données en France, aux États-Unis, au Brésil, en
Belgique, en Italie et en Angleterre, y est pour beaucoup dans la reconnaissance
internationale de la littérature québécoise. Mais la force
de l’institution littéraire québécoise suscite en lui une
certaine méfiance, comme du reste tout ce qui relève trop directement
du nationalisme ou d’une pensée idéologique : « À
trop vouloir promouvoir notre littérature, dit-il, on en vient à
élever le moindre petit livre au niveau d’une œuvre importante,
qu’il faudrait commenter à l’infini. » Il s’inscrit donc en faux
contre cette « perte de l’idée de grandeur » et aussi contre
une certaine « volonté d’autarcie » que manifeste la littérature
québécoise par rapport aux lettres françaises. « Moi,
je considère que Racine m’appartient en propre, autant qu’à n’importe
quel Français », affirme-t-il.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
6 décembre 1997

Membres du jury :
Jean-François Chassay (président)
Dominique Blondeau
Sheila Fischman
Stéphane Lépine
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Antoine Robitaille et Claude Janelle