Jacques Poulin, lauréate

Naissance le 23 septembre 1937 à Saint-Gédéon-de-Beauce, décès le à 

Biographie

Discret, voire secret, Jacques Poulin se consacre, depuis l’âge de 27
ans, à l’écriture. Il se définit lui-même comme un
écrivain privé, par choix.

Son style minimaliste est surtout affaire de retrait du superflu. Adjectifs,
adverbes, inversions inutiles, sentiments trop extravertis sont éliminés
au profit de l’émotion sobre qui occupe l’espace et enveloppe autant
les personnages que les lecteurs qui vont à leur rencontre. Pareil dépouillement
permet de nommer ces choses qu’on exprime d’habitude avec difficulté
parce qu’elles obligent à laisser tomber l’accessoire pour ne garder
que l’essentiel.

Dès Jimmy (1969), son deuxième roman où l’enfance
occupe toute la place, l’écrivain esquisse les contours d’une œuvre
dont la progression s’articule autour des mêmes thèmes et des mêmes
personnages. C’est un peu comme si ses romans étaient des traductions
de plus en plus approfondies d’un même univers habité par les livres,
l’écriture, la tendresse, l’amour et la douleur de vivre.

Mais si les thèmes demeurent les mêmes d’un livre à l’autre,
le contexte, lui, se modifie au rythme des passions et des découvertes
de l’auteur. Ce sera un voyage aux États-Unis pour retracer l’histoire
des immigrants (Volkswagen Blues, 1984), ou encore le Fleuve,
toujours plus ou moins présent (Les Grandes Marées, 1978
; Le Vieux Chagrin, 1989). Quel que soit le contexte dans lequel ils
évoluent, ses personnages, habités par une immense tendresse,
partagent la même difficulté à communiquer entre eux. Ils
frôlent et effleurent le bonheur, mais n’osent jamais trop s’en approcher
de peur qu’il s’évanouisse. « Quand les personnages se rejoignent
dans une histoire, quand l’amour se vit véritablement, il n’y a plus
rien à dire. Pour l’écrivain, le malheur est un sujet plus riche.
Il faut être malheureux pour écrire », explique-t-il.

Avec cette capacité exceptionnelle de jouer avec le quotidien, Jacques
Poulin campe des personnages touchants et nous les présente comme autant
de nos semblables qui souffrent, rient, pleurent et cherchent tous cette chose
impalpable qu’on nomme le bonheur. S’il fallait une étiquette pour cette
école littéraire, ce serait assurément celle de la tendresse.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
3 décembre 1995

Membres du jury :
Claudine Bertrand (présidente)
Gilles Archambault
Paul-André Bourque
David Homel
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Yolande Côté et Claude Janelle