Gabrielle Roy, lauréate

Naissance le 22 mars 1909 à Saint-Boniface (Manitoba), décès le 13 juillet 1983 à Québec

Biographie

L’œuvre de Gabrielle Roy occupe une place de choix au sein de la littérature québécoise, certes au sommet de la république des lettres d’ici, mais tiraillée entre ses appartenances franco-manitobaine, canadienne et québécoise. Son œuvre, heureusement, se situe bien au-delà de ces questions puisqu’elle repose sur des qualités littéraires d’une puissance exceptionnelle, reconnues dès le départ par l’attribution du prestigieux prix Fémina en 1947 pour son premier roman, Bonheur d’occasion. Le succès est immédiat et dépasse nos frontières, il propulse l’auteure au rang d’écrivaine internationale et lui assure une célébrité dont profitent ses personnages attachants et universels de Saint-Henri, quartier populaire de Montréal où la guerre, malgré ses horreurs, permet à quelques êtres de modifier les lignes de leur destin.

Gabrielle Roy a su imprégner à ses romans, à ses nouvelles et à ses quelques ouvrages pour la jeunesse les qualités essentielles de sa propre vie : au sein des êtres de chair et de papier se cachent les secrets les plus étonnants, les plus tragiques parfois, qui font de chaque vie sur terre une aventure unique et fragile, circonstancielle et impénétrable. C’est justement dans ce lieu de secret de chaque âme que se loge la force tranquille de l’écriture de Gabrielle Roy. Avec la suprême discrétion qui la caractérisait, son esprit avant-gardiste, féministe et écologiste avant l’heure, sa superbe maîtrise de la langue française, la romancière a produit une œuvre d’une profonde humanité, chargée d’espoir et de fierté de vivre malgré les épreuves qui apportent souffrance et douleur aux êtres chers : si ces souffrances grandissent les âmes et fortifient les destins, elles ne sont traversées qu’au prix d’efforts surhumains.

Non sans quelque ambivalence, son œuvre, profondément marquée par la mort de sa mère, témoigne d’un effort constant de réconciliation entre des forces opposées : les personnages fétiches de ses romans Bonheur d’occasion (1945), La Petite Poule d’eau (1950), Alexandre
Chenevert
(1954), Rue Deschambault (1955), La Montagne secrète (1961) – Florentine Lacasse, Jean Lévesque, Alexandre Chenevert, Pierre Cadorai – cherchent désespérément une paix intérieure que la condition humaine ne donne jamais facilement. Car ces personnages inoubliables sont, comme l’auteure, déchirés entre l’ici et l’ailleurs, le passé et le présent, le devoir et la liberté, le couple et la famille. Ambivalence jamais résolue, parce qu’impossible à résoudre, même en littérature, car les mots, si puissants puissent-ils devenir, ne peuvent arrêter la roue du destin.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
11 mars 1971

Membres du jury :
Jean Simard (président)
Jacques Blais
Joseph Bonenfant
Jean Éthier-Blais
Suzanne Paradis

Crédit photo :
  • Studio Zarov
Texte :
  • Pierre Filion