Le principal domaine d’intérêt scientifique d’Albert J. Aguayo
concerne l’étude des lésions du système nerveux central
(SNC) et la capacité du cerveau et de la moelle épinière
à se rétablir. La maladie et les traumatismes neurologiques sont
en grande partie responsables des handicaps chroniques de la société
actuelle. Les accidents vasculaires et maladies dégénératives,
comme les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, entraînent en général
la perte de cellules nerveuses et l’interruption des fibres nerveuses qui relient
les neurones. Jusqu’à tout récemment, l’affirmation que le système
nerveux central chez les mammifères adultes n’avait pas la capacité
de régénérer et de rétablir les connexions perdues
était un dogme dans l’enseignement de la neurologie. Conséquemment,
la recherche de la régénération neurale semblait avoir
peu de chances de succès.
Démystifier les neurones
Or, ce climat de pessimisme s’estompe depuis les expériences du docteur
Aguayo et de ses collègues qui remontent au début des années
80 et qui démontrent que les neurones du SNC sont capables de se régénérer
en présence de composantes appartenant au système nerveux périphérique.
Comme les fibres nerveuses dans ce système se régénèrent
généralement à la suite d’une lésion, les chercheurs
en concluent que les interactions entre les cellules nerveuses endommagées
et les composantes particulières de leur environnement peuvent jouer
un rôle clé dans le succès ou l’échec de la régénération
neuronale. En utilisant des techniques neuroanatomiques et électrophysiologiques,
le docteur Aguayo et ses associés établiront fermement que les
neurones du SNC chez les mammifères adultes possèdent une capacité
de croissance axonale régénératrice qui devrait permettre
le rétablissement des connexions perdues. Des expériences ultérieures
montreront que les neurones sont vraiment aptes à former de nouvelles
liaisons terminales (synapses) fonctionnelles.
Motivés par les résultats des premières expériences
du docteur Aguayo et de ses collègues, plusieurs laboratoires, incluant
le sien, sont à la recherche des déterminants moléculaires
pour la survie et la croissance des cellules nerveuses. Lorsque ces mécanismes
seront mieux connus, il sera sans doute possible d’envisager des applications
pour régénérer les cellules nerveuses endommagées
du cerveau ou de la moelle épinière chez l’humain.
Actif un peu partout
Albert J. Aguayo dirige depuis 1980 le Centre de la recherche en neurosciences
à l’Université McGill, situé à l’Institut de recherche
de l’Hôpital général de Montréal. De 1990 à
2000, il est également directeur scientifique du Réseau en neurosciences
du Programme canadien des réseaux des centres d’excellence. Professeur
à l’Université McGill, il enseigne aussi dans plusieurs autres établissements,
dont l’Université Harvard, le Cold Spring Harbour et le Marine Biology
Institute à Woods Hole, au Massachusetts. Rédacteur d’un périodique
scientifique et membre de plusieurs comités de rédaction, Albert
J. Aguayo compte plus de 100 articles scientifiques à son actif. Ces réalisations
sont couronnées de plusieurs prix, dont les prix Gairdner (Canada), Wakeman
(États-Unis), Helmerich (États-Unis), Ameritec (États-Unis),
Ipsen (France) et Christopher Reeve Paralysis Foundation (USA).
Membre de la Société royale du Canada, de l’Institute of Medicine
of the National Academy of Sciences (États-Unis) et du Collège
royal des médecins et chirurgiens du Canada, Albert J. Aguayo trouve
le temps de donner plusieurs conférences au sein d’universités
canadiennes, américaines et étrangères. Ses responsabilités
administratives dans diverses sociétés incluent notamment la présidence
de la North American Society for Neuroscience, la plus importante dans le domaine
de la neuroscience. Il est d’ailleurs le premier Canadien à occuper ce
poste. Albert J. Aguayo est aussi membre de plusieurs conseils scientifiques,
dont le Conseil canadien de recherches médicales, le Howard Hughes Medical
Institute (États-Unis), le Pew Charitable Fund (États-Unis), l’American
Paraplegic Association (États-Unis), le Rick Hansen Man in Motion Legacy
Fund (Canada), la Fondation Ipsen (France) et l’International Human Frontier
Science Program Organization (France), ainsi que d’établissements scientifiques,
dont le Max-Planck Institute, à Munich (Allemagne), le Friedrich-Miescher
Institute à Bâle (Suisse) et le Riken Institute’s Frontiers Program
(Japon).
Les découvertes spectaculaires du docteur Aguayo sur le pouvoir de régénération
des neurones centraux lui valent une renommée internationale. «
Il est l’un des deux ou trois spécialistes mondiaux dans ce domaine »,
affirme le docteur David H. Hubel, professeur à la Harvard Medical School
et lauréat du prix Nobel de médecine en 1981. Depuis janvier 2000,
Albert Aguayo est le secrétaire général de l’Organisation
internationale de la recherche sur le cerveau (International Brain Research
Organization ou IBRO) à Paris, la plus grande société de
neuroscientifiques au monde. Preuve que l’impact de ses travaux ne connaît
pas de frontières.