André Major compte parmi les écrivains de sa génération
qui ont le plus contribué à l’émergence d’une littérature
qui soit à l’image du peuple québécois. Si la société
constitue le fondement de son œuvre, il préfère la voie du
questionnement et de la recherche à celle de la dénonciation.
Mais André Major n’est pas l’homme d’un seul métier. Réalisateur
aux émissions culturelles à la Société Radio-Canada
pendant plus de 25 ans, il a aussi été journaliste et critique
au Petit Journal, au Devoir et à La Presse. Il s’est
en outre engagé dans le milieu littéraire en participant à
la mise sur pied de l’Union des écrivaines et écrivains du Québec
et à la fondation de la revue Parti pris. Avec le recul, cet engagement
le laisse un peu sceptique. « Au début de ma carrière, j’y
croyais. À l’époque, la société québécoise
commençait à bouger, le conformisme devait sauter. Maintenant,
je vois une contradiction entre l’engagement et l’écriture. L’écrivain
s’institutionnalise trop, cela nuit à la création. »
Pour André Major, l’écriture est une nécessité,
une manière de changer les choses et d’évoluer sur le plan personnel.
À l’école, se souvient l’écrivain, il rédigeait
toujours une version de ses compositions pour le professeur et une autre pour
lui-même, plus représentative de sa vision de la réalité.
Soucieux de perfectionner son outil d’expression, il choisit ses lectures en
fonction des difficultés grammaticales qu’elles renferment pour qu’aucun
style ni aucune expression ne lui soient interdits. Sa maîtrise exceptionnelle
de la langue française lui permettra ainsi de pratiquer presque tous
les styles littéraires.
Après un premier recueil de poèmes, Le Froid se meurt
(1961), il fait paraître en 1964 un premier roman, Le Cabochon.
Déjà se profile l’âme des personnages de l’univers d’André
Major. Ce sont des êtres insatisfaits, minés par le doute et un
grand mal de vivre, chez qui on peut lire les angoisses de notre peuple, à
l’heure des choix, coincé entre le désir de faire table rase et
celui d’accepter son sort.
Dans son œuvre, qui comprend notamment une chronique romanesque en trois
volets intitulée Histoires de déserteurs (1974-1976), André
Major a su être sensible à l’histoire du Québec et développer
une pensée tournée vers l’avenir.