Charles Morin, lauréate

Biographie

Grâce à Charles Morin, des millions de personnes à travers le monde ont retrouvé le sommeil perdu. La méthode de traitement qu’il a mise au point se révèle hautement efficace!

L’un des bonheurs de Charles Morin, c’est d’entendre dire par un lecteur que Vaincre les ennemis du sommeil lui a été d’un grand secours pour apaiser ses nuits. « C’est très valorisant de savoir que j’ai réussi à vulgariser les connaissances et que ç’a eu un impact sur la qualité de vie de certaines personnes », dit celui qui a révolutionné le traitement de l’insomnie.

Voilà 40 ans, il n’y avait que les médicaments contre les nuits blanches. Les choses ont changé : les médecins disposent aujourd’hui des outils de la thérapie cognitive comportementale. Grâce aux études du professeur Morin, ils savent que l’approche psychologique donne d’aussi bons résultats à court terme que la médication, et produit des effets plus durables à long terme.

Comment le psychologue, issu d’une famille modeste de Saint-Prosper-de-Beauce, est-il devenu ce leader mondial de la recherche sur l’insomnie?

Son succès, il le doit à l’originalité et à l’impact de ses travaux, puis à son engagement envers les étudiants, la communauté scientifique et la population en général. Ce conférencier recherché par les institutions les plus prestigieuses fréquente aussi les groupes populaires : il a livré plus de 200 allocutions grand public et donné quantité d’ateliers de formation dans des pays en développement.

Sa feuille de route impressionne. Charles Morin a parcouru le monde, formé d’autres experts, joué un rôle actif au sein d’associations internationales. Il a publié 10 livres et des centaines d’articles, qui ont suscité 40 000 citations selon Google Scholar. Le prix Léon-Gérin, couronnement d’une carrière remarquable en sciences humaines et sociales, s’ajoute maintenant à la liste de ses distinctions. Il l’accueille « avec grande fierté et beaucoup d’humilité », en partageant l’honneur avec collègues, stagiaires, étudiants et participants à ses nombreuses études. « On n’atteint jamais un tel niveau en solo », dit-il.

En 1982, il entame en Floride ses études de doctorat en psychologie. Il s’y découvre un intérêt pour le sommeil. Quatre ans plus tard, il se spécialise en médecine du sommeil à la Virginia Commonwealth University. Il reçoit des patients, les écoute. Ce qu’il entend le fait sourciller. Les dormeurs inquiets adhèrent à des conceptions erronées qui semblent exacerber leurs problèmes. Et si on les entraînait à détecter les pensées négatives et à modifier leur attitude? Il crée une grille d’évaluation des croyances et un index de sévérité de l’insomnie, des outils aujourd’hui disponibles en plusieurs langues. En 1993, il publie Insomnia: Psychological Assessment and Management, ouvrage fondamental qui devient la référence pour les années à venir.

Au Medical College of Virginia, il prend vite la direction du Sleep Disorders Center, un centre d’étude des troubles du sommeil. Sa carrière progresse brillamment. Mais voici que la naissance de ses deux enfants, qu’il veut élever en français, le rappelle à ses origines.

Après 12 ans passés aux États-Unis, Charles Morin retrouve l’Université Laval en 1994. Il prend la tête du programme de doctorat en psychologie clinique, qui obtient l’agrément de la Société canadienne de psychologie, une première au Québec. Puis, il fonde le Centre d’étude des troubles du sommeil, laboratoire d’avant-garde qui devient un lieu très couru de partage de la connaissance. C’est que Charles Morin est un mentor aussi réputé que généreux. À ce jour, il a supervisé les thèses d’une soixantaine de doctorants et d’étudiants à la maîtrise, et guidé de jeunes chercheurs d’Amérique, d’Europe et d’Asie, contribuant ainsi à la formation de professionnels de haut niveau.

Ses travaux ont mis en lumière les impacts de l’insomnie sur la santé physique et mentale des individus ainsi que leurs conséquences sociales. Sa grande enquête épidémiologique – 4 000 Canadiens suivis entre 2008 et 2018 – n’a pas encore livré tous ses secrets, mais elle a révélé le prix caché des mauvaises nuits. Les coûts indirects sont nombreux : absentéisme au bureau, baisse de productivité, accidents de la route.

La retraite? À 63 ans, il a trop à faire pour y songer : cinq doctorants à guider, un livre à terminer avec des collègues anglais et américains, la réédition de Vaincre les ennemis du sommeil à peaufiner, un programme virtuel à mettre au point, des articles à rédiger. Et le prochain congrès mondial de la World Sleep Society à organiser.

Et puis il y a ce million de dollars à récolter. Car avant de quitter son alma mater, Charles Morin veut créer une chaire de recherche québécoise sur les troubles du sommeil. Son legs, affirme-t-il. Un de plus!

Information complémentaire

Membres du jury

Richard E. Tremblay (président)

Josée St-Pierre

Corinne Gendron

Aurélien Boivin