Le jury du prix Paul-Émile-Borduas couronne en 1989 un plasticien radical
qui écrivait en 1959 dans le catalogue de l’exposition Art abstrait,
présentée à l’École des beaux-arts de Montréal
: « Ce que je veux, c’est objectiver la peinture, l’amener à
sa source, là où il ne reste que la peinture vidée de toute
chose qui lui est étrangère, là où la peinture n’est
que sensation. »
Claude Tousignant fait ses études au School of Art and Design, à
Montréal, de 1948 à 1951. Il entre très tôt en contact
avec la production des grands Américains – entre autres, Pollock,
de Kooning, Guston, Rothko – à l’occasion d’une exposition présentée,
en 1949, au Musée des beaux-arts de Montréal. Pendant l’année
1952-1953, il séjourne à Paris d’où il rentre très
déçu de ce qui s’y fait en peinture à ce moment-là.
Il trouve le milieu montréalais autrement stimulant : c’est l’époque
des expositions Place des artistes, en 1953, La Matière chante,
en 1954, et Espace 55.
C’est dans ce contexte qu’il commence à exposer des œuvres géométriques
de plus en plus épurées, qui l’amèneront à réaliser,
dès 1956, son célèbre Monochrome orangé.
Au début des années soixante, il découvre l’œuvre
de Barnett Newman, qui le confirme dans son parti pris d’explorer la couleur
pure et la forme épurée. Dans la foulée, il commence à
inscrire la forme ronde dans ses tableaux, ce qui le conduira, autour de 1965,
à adopter le format circulaire, à faire coïncider le format
et la forme. De là sortiront les fameuses séries qui demeurent
la « marque de commerce » de Tousignant : les Transformateurs
chromatiques (1965), les Gongs (1966), les Accélérateurs
chromatiques (1967).
Les manifestations importantes de Claude Tousignant ne se comptent plus, depuis
sa première exposition, en 1955, au bar de l’Échouerie. En 1973,
la Galerie nationale du Canada lui consacrait une rétrospective qui a
circulé ailleurs au Canada, tandis que le Musée d’art contemporain
de Montréal présentait, en 1980, ses Diptyques des deux
dernières années. Mentionnons aussi une exposition importante
de ses seules sculptures au Musée des beaux-arts de Montréal,
en 1982, et, plus récemment, une rétrospective ne réunissant
que ses MONOCHROMES de 1978 à 1993 au Musée du Québec.