Edel Pérez-López, lauréate

Biographie

Natif de Güines, dans la province de Mayabeque à Cuba, Edel Pérez-López a grandi dans un environnement agricole qui a façonné sa passion pour l’agriculture et l’environnement. Après des études de biochimie à l’Université de La Havane, il a poursuivi un doctorat en écologie et biotechnologie appliquée à l’Université Veracruzana, au Mexique, où il a étudié une maladie bactérienne menaçant des variétés autochtones de maïs. Ses recherches postdoctorales l’ont ensuite conduit à l’Université Auburn, en Alabama, puis à l’Université de la Saskatchewan, où il s’est consacré à élucider les mécanismes moléculaires de la hernie des crucifères, une maladie causant d’importantes pertes économiques en Amérique du Nord.

En 2020, il s’est établi à Québec et a rapidement appris le français afin de lancer son propre programme de recherche à l’Université Laval. Il y est aujourd’hui professeur agrégé au Département de phytologie, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les invasions d’insectes vecteurs et les maladies émergentes des plantes, et directeur de l’EdeLab, laboratoire de phytoprotection durable. Ce laboratoire unique au Canada intègre la phytopathologie, l’entomologie, la microbiologie et l’intelligence artificielle pour développer des stratégies novatrices visant à protéger les cultures et à réduire l’usage des pesticides.

Entre 2021 et 2024, son équipe a démontré que les cicadelles, petits insectes vecteurs de bactéries, constituent d’excellents indicateurs des effets des changements climatiques sur l’agriculture. Ses travaux ont révélé l’arrivée de nouvelles espèces au Québec et mis en évidence les limites des insecticides actuellement utilisés par les productrices et producteurs agricoles. Pour offrir des solutions concrètes, le laboratoire a aussi étudié la diversité écologique et génétique des guêpes parasitoïdes locales capables de réguler naturellement ces insectes, ce qui a ouvert la voie à des stratégies de biocontrôle mieux adaptées aux réalités agricoles canadiennes.

Dans ce contexte, Edel Pérez-López a lancé le projet LeafHope, une initiative pancanadienne réunissant 18 partenaires, dont 8 associations représentant plus de 40 000 agricultrices et agriculteurs. Doté de plus de 7 M$ de financement du CRSNG et de contributions industrielles, le projet associe intelligence artificielle, biocontrôle et outils de suivi de terrain afin de mettre au point une « trousse de réduction des insecticides ». Le chercheur est comblé : « Je suis particulièrement fier d’avoir lancé LeafHope, un projet rassemblant chercheurs, producteurs et partenaires autour d’un objectif commun : réduire l’usage des insecticides. Mais je suis tout aussi fier de mes étudiantes et étudiants, de mes techniciennes, techniciens et postdocs, qui commencent déjà à bâtir leurs propres carrières indépendantes. Grâce au soutien du Québec, leurs réussites résonnent désormais du Québec vers le monde. »

Un autre pilier de ses recherches porte sur la hernie des crucifères. Grâce à la création de la seule collection mondiale de cet agent pathogène, son laboratoire a identifié des gènes essentiels que l’agent utilise pour manipuler la plante et favoriser la maladie. Ces découvertes, réalisées en collaboration avec l’industrie semencière, sont déjà intégrées à des programmes de sélection visant à développer de nouvelles variétés résistantes, à réduire leur dépendance aux pesticides et à renforcer la productivité agricole.

« Mon rêve de recherche est d’avoir une agriculture véritablement durable où les pesticides ne sont plus une nécessité, mais une exception. Dès mes premières études sur les maladies du maïs au Mexique, j’ai rêvé d’offrir aux agriculteurs des solutions scientifiques fiables, accessibles et respectueuses de la nature. Aujourd’hui, mes projets associent intelligence artificielle, biologie et écologie, et je crois qu’il reste encore beaucoup à accomplir. »

Depuis son arrivée à l’Université Laval, Edel Pérez-López a publié près de 40 articles scientifiques, et plus de 90 au total dans sa carrière. Il accorde une grande importance à la communication en français, un engagement récompensé par le prix Publication en français Gisèle-Lamoureux. Il a notamment contribué à la mise à jour du manuel de référence Nom des maladies des plantes au Canada et à la rédaction d’un chapitre d’anecdotes scientifiques visant à rendre la phytopathologie accessible au grand public.

Son influence dépasse la recherche universitaire. Cofondateur du réseau Pride in Microbiology, il a contribué à instaurer plusieurs initiatives en équité, diversité et inclusion au sein des sociétés savantes canadiennes. Il anime aussi le balado EdeLab & la Recherche expliquée, diffusé en français, en anglais et en espagnol, et écouté dans plus de 65 pays.

« Recevoir le prix Hubert-Reeves est un immense honneur. Ce prix symbolise la valeur de la recherche inclusive, collaborative et tournée vers la société. Il illustre comment un petit projet local a pu se transformer en une initiative pancanadienne à l’impact international. Cette distinction souligne le rôle essentiel des sciences dans la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire et l’équité. »

Information complémentaire

Membres du jury :

  • Mme Isabelle Delisle, Présidente
  • Mme Janice Bailey
  • Mme Fanny Guimont-Desrochers
  • M. Simon Joly
  • M. Benoit Routhier
  • Mme Sara Russo Garrido
Crédit photo :
  • Mélissa Vincelli