Félix-Antoine Savard, lauréate

Naissance le 31 août 1896 à Québec, décès le 24 août 1982 à Québec

Biographie

L’œuvre de Félix-Antoine Savard est tributaire de son époque, dont elle a stigmatisé les inquiétudes et les espoirs. Dans le sillage des mouvements nationalistes qui ont marqué le début du XXe siècle, l’œuvre de ce prêtre colonisateur, qui a d’abord exercé son ministère au Saguenay, en Abitibi, puis au pays de Charlevoix qu’il considérait comme « le comté le plus métaphysique du Québec », a exercé une grande influence sur toute une génération de lecteurs et de penseurs d’un Québec lié au double héritage de la langue et de la foi, ce pays humilié dans sa chair et dans son économie par la domination anglo-saxonne, toujours menaçante.

Son livre-culte, Menaud, maître-draveur, véritable appel à la race publié en 1937 et devenu rapidement un classique de la littérature canadienne-française, est né de la rencontre d’un homme réel, du patriotisme avoué de l’auteur et de sa culture enracinée dans les forces profondes de la survivance française en Amérique. Qualifiée par la critique d’œuvre épopée, de poème en prose, de roman à thèse, c’est aussi l’œuvre d’un échec pathétique. Même en s’attachant avec force aux traditions d’un Québec fermé sur lui-même, ainsi protégé contre l’assimilation anglaise, rien ne peut figer le temps et faire en sorte que rien ne change. Si le projet de célébrer le peuple forestier et paysan de Charlevoix, en exaltant l’idéologie nationale, tient en lui-même une grande partie du projet littéraire de monseigneur Savard, le temps n’a pas épargné les idées qui soutenaient son projet littéraire.

L’écriture de monseigneur Savard est avant tout poétique, c’est-à-dire « une élévation du réel par l’architecture du langage », écrivait André Major. Dans ses deux romans – Menaud, maître-draveur et La Minuit (1948) –, dans ses souvenirs – L’Abatis (1943) et Le Barachois (1959) –, dans son théâtre – La Dalle-des-Morts (1965) et La Folle (1960) –, c’est toujours la fulgurance du poète qui l’emporte. Avec un style d’une somptueuse amplitude, épique, chargé des parfums de la nature, il a su imprimer à son univers les sources vives de son expérience avec le monde et sa connaissance des littératures française, grecque et latine. Langue et foi ont subi au cours de sa carrière d’écrivain et de professeur à l’Université Laval des chocs et des attaques qui n’ont pas fini d’ébranler les structures profondes de la psyché québécoise, ce dont son écriture témoigne avec une majesté que d’aucuns jugent prophétique.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
18 janvier 1969

Membres du jury :
Jean Houpert (président)
Nicole Deschamps
Lucien Gagné
Benoît Lacroix
Alain Pontaut

Crédit photo :
  • Armour Landry
Texte :
  • Pierre Filion