Fernand Daoust, lauréate

Naissance le 26 octobre 1926 à Montréal, décès le 23 janvier 2020 à 

Biographie

D’emblée, Fernand Daoust situe le point de départ de son engagement
en faveur de la langue française dans les années cinquante, au
moment de ses premiers contacts avec le mouvement syndical. Au Québec,
l’état de sujétion dans lequel se trouvent alors les travailleurs
de la grande industrie, contraints à des relations de travail se déroulant
presque exclusivement en anglais, motive l’orientation de sa vie. « Quand
on négociait en anglais, on était en situation d’infériorité,
de faiblesse, parce qu’on ne pouvait pas aller au bout de notre pensée.
 »

Si les années cinquante furent celles de la prise de conscience, les
années soixante furent celles du réveil pour l’ensemble de la
société québécoise. Fernand Daoust était
convaincu qu’il fallait élargir le front : donner aux travailleurs une
voix sur le plan politique. Cette conviction l’amena à participer, au
mois de juin 1961, au congrès de fondation du Nouveau Parti démocratique
(NPD). On y accepta, avec réticence, la thèse des deux peuples
fondateurs du Canada. Ce débat ainsi que la prise de conscience du Québec
au sujet de la question nationale permirent plus tard des avancées au
sein du Congrès du travail du Canada (CTC), organisme pancanadien proche
du NPD, qui résulteront en une forme de « souveraineté-association
 » entre la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ)
et le CTC.

Le moment de sa vie publique pour lequel il s’enflamme le plus est sans contredit
le congrès de la FTQ de 1969. Non pas tant parce qu’il y a été
élu secrétaire général de la centrale que parce
que l’organisme a choisi de mettre de l’avant, sous forme de résolution,
au moment même où l’Assemblée nationale se préparait
à adopter le projet de loi 63, une politique de la langue française
pour le Québec. La FTQ, dira Fernand Daoust non sans fierté, a
été le précurseur de la prise de conscience de la question
de la langue au Québec. Parce que ses membres se recrutaient pour beaucoup
dans la grande entreprise, ils ont vécu « la dépossession,
l’humiliation et l’aliénation linguistiques ». Huit ans plus tard,
ce que l’on retrouvera dans la Charte de la langue française faisait
déjà partie de cette résolution.

Membre du conseil d’administration de l’Office de la langue française
depuis sa création en 1977, Fernand Daoust s’émerveille du travail
accompli par l’organisme. Mais il est aussi conscient qu’un fort pourcentage
d’entreprises ne possèdent pas encore de certificat de francisation :
« Le travail, c’est le tiers de notre vie, c’est la période active
d’un individu ; la langue du travail est le fer de lance, le nœud, ce qui
est peut-être le plus fondamental pour l’affirmation de notre identité.
 »

Information complémentaire

Date de remise du prix :
5 décembre 1998

Membres du jury :
Robert Dubuc (président)
John Chandioux
Anne-Marie Dussault
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Gaëtan Lemay et Claude Janelle