Fernand Dumont, lauréate

Naissance le 24 juin 1927 à Montmorency, décès le 1 mai 1997 à Québec

Biographie

Poète, psychologue et sociologue formé à la Sorbonne, théologien et professeur à l’Université Laval, Fernand Dumont a étroitement collaboré, avec le ministre Camille Laurin et le sociologue Guy Rocher, à l’élaboration de la Charte de la langue française, qui établit le français langue officielle du Québec (loi 101). Récipiendaire notamment des prix Leon-Gérin, Esdras-Mainville, Rousseau et France-Canada, détenteur de plusieurs doctorats honoris causa, il fut directeur de l’Institut québécois de la recherche sur la culture (IQRC). Il a laissé une œuvre féconde et visionnaire dont la portée littéraire, sociologique et anthropologique a permis au Québec moderne de réfléchir sur les enjeux de son héritage culturel et spirituel et sur le lieu incertain de sa trajectoire historique.

Réunie dans la rétrospective La Part de l’ombre, l’œuvre poétique de Fernand Dumont a été occultée par l’ampleur de sa démarche d’essayiste et de penseur de la modernité québécoise. Les recueils qui s’y trouvent réunis, L’Ange du matin (1952) et Parler de septembre (1970), ont déjà un ton philosophique qui se tourne vers une quête de l’âme, une nostalgie de l’éternel et un sens de l’instabilité dans l’instant. Ces préoccupations littéraires, il les approfondira bien davantage dans ses enseignements et ses essais sur la théorie et l’histoire de la sociologie, sur la sociologie de la connaissance, sur l’épistémologie et la théologie de la culture.

Parmi une suite d’essais percutants et qui ont largement contribué à former la réflexion intellectuelle sur l’être québécois, notamment Pour la conversion de la pensée chrétienne (1964), Les Idéologies (1974), L’Anthropologie en l’absence de l’homme (1981), ce sont surtout deux œuvres qui ont marqué son parcours de penseur. Son essai majeur, Le Lieu de l’homme (1968), évalue la culture dans les perspectives du langage, des sciences et des sciences humaines. Distinguant « culture première » et « culture seconde », il interprète la réalité culturelle comme dédoublement de la signification du monde : l’homme vit à la fois dans le monde érosif du changement et dans celui de la culture, ce dernier visant à rétablir les lieux de sa continuité sociohistorique. Dans Genèse de la pensée québécoise (1993), il propose une synthèse
de toute une vie de réflexion sur la formation de la culture au Québec, au moment où les interrogations sur l’identité collective reviennent en scène et où les pièges de la mondialisation commencent à montrer leurs méfaits sur les lieux de formation et d’affirmation de la culture.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
3 novembre 1975

Membres du jury :
Rina Lasnier (présidente)
Andrée Maillet
Jean-Guy Pilon
Pierre Savard
Antoine Sirois

Crédit photo :
  • Ronald Maisonneuve
Texte :
  • Pierre Filion