Urbaniste émérite, Gérard Beaudet œuvre depuis plus de 40 ans à faire connaître et reconnaître le territoire québécois comme un bien commun et un legs précieux. Tant par ses qualités de professeur et de chercheur que grâce à ses nombreuses réalisations, cette figure incontournable de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire mène une carrière prolifique, laissant sa marque dans le paysage québécois. Grand communicateur et vulgarisateur, il fait preuve en outre d’un engagement profond à l’égard des enjeux urbanistiques, participant activement à la réflexion collective. Le prix Ernest-Cormier 2021 souligne l’apport remarquable de Gérard Beaudet, premier lauréat à recevoir cette reconnaissance pour son expertise éprouvée dans les domaines à la fois de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme.
Après des études en architecture, puis en urbanisme, Gérard Beaudet amorce sa carrière dans les années 1980 à la Société technique d’aménagement régional, où on lui confie rapidement des dossiers d’urbanisme de plusieurs municipalités de la région de Montréal. Ses réalisations seront le fruit d’une approche urbanistique tenant compte de la protection et de la valorisation du patrimoine. Pour Gérard Beaudet, le patrimoine est une dimension inhérente aux environnements bâtis et aux milieux de vie. C’est pourquoi il l’inscrit dans un contexte élargi d’action sur la ville.
À partir de 1989, celui qui a travaillé dans plusieurs régions, villes et secteurs urbains amorce un parcours d’enseignement universitaire. D’abord chargé de cours, puis professeur à l’Institut d’urbanisme (devenu l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal), il en sera le directeur, de 2001 à 2009. Les champs d’intérêt de recherche de Gérard Beaudet sont, entre autres, la régénération et la morphologie urbaines, l’urbanisme métropolitain, l’aménagement régional et touristique ainsi que le paysage.
Pendant ses années à la direction de l’École d’urbanisme, il engage une collaboration soutenue avec l’Union des municipalités du Québec, pour laquelle il rédigera une politique du transport et de la mobilité durable. Après son passage à plein temps à l’université, Gérard Beaudet maintient néanmoins des liens étroits avec le monde professionnel de l’urbanisme. Aujourd’hui coresponsable de l’Observatoire de la mobilité durable rattaché à l’École d’urbanisme, il est d’ailleurs parmi les tout premiers urbanistes québécois à s’intéresser à la mobilité.
Parallèlement, Gérard Beaudet multiplie les présences dans les médias écrits et électroniques et participe à un grand nombre d’activités à caractère scientifique, professionnel ou sociocommunautaire, ce qui fait sans aucun doute de lui l’un des urbanistes les plus lus et entendus du Québec. À ce jour, il a prononcé quelque 200 conférences et pris part à près de 80 panels. Il a réalisé plus de 200 entrevues à la radio et à la télévision, a présenté 80 chroniques et a été cité à plus de 300 reprises dans des articles ou des reportages, sur des thèmes aussi variés que le paysage, le récréotourisme, l’étalement urbain ou encore la dévitalisation des petites collectivités. Gérard Beaudet est de plus l’auteur, coauteur ou éditeur de 12 ouvrages, d’une trentaine de chapitres de livres, d’une soixantaine d’articles scientifiques et généralistes ainsi que d’une quarantaine de textes d’opinion. Ce sont par conséquent plusieurs dizaines, voire des centaines de milliers de personnes qu’il aura sensibilisées aux enjeux liés à l’urbanisme et à l’aménagement du territoire québécois, en plus des 2 500 étudiantes et étudiants qu’il aura formés.
Avec le recul, l’urbaniste se dit fier de la « continuité intellectuelle de son parcours ». « Je n’avais pas envisagé de travailler en pratique privée, de découvrir le récréotourisme, le paysage et le Québec des régions, de devenir président d’Héritage Montréal, de publier des ouvrages, de faire carrière à l’université, de devenir directeur de l’Institut d’urbanisme et de participer de manière assidue aux débats publics sur les questions d’aménagement, d’urbanisme et de conservation. Le grand timide que j’étais – et que je suis toujours – envisageait plutôt une carrière au ministère des Affaires culturelles [aujourd’hui le ministère de la Culture et des Communications]. Celle-ci s’est finalement résumée en un stage de deux mois », raconte-t-il.
L’apport de Gérard Beaudet au développement et au rayonnement de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire est indéniable. Grâce à ses accomplissements, le chercheur et urbaniste a su ériger des ponts entre l’aménagement du territoire et les enjeux de société, dans une volonté évidente de voir se développer une véritable identité territoriale. Pour l’avenir, il aspire à continuer « d’inspirer, autant que faire se peut, ceux et celles pour qui le bien commun est une des principales assises du vivre-ensemble et d’un rapport collectif équitable au territoire ».