Henri Bergeron a été, en septembre 1952, le premier animateur
de la télévision canadienne. Il est donc de ces pionniers de la
télévision qui ont su créer, au bénéfice
de l’ensemble de la population québécoise, cet effet de proximité
avec une langue française riche et bien maîtrisée. «
Je connais peu de Québécois aussi attachés que lui à
la langue française, qui l’aient utilisée avec autant d’élégance
et qui l’aient servie avec autant de détermination. » Cet hommage
de la vice-présidente de la Télévision française
de la Société Radio-Canada (SRC), Michèle Fortin, illustre
bien le lien indéfectible qui unissait l’animateur à la société
publique à laquelle il a consacré l’essentiel de sa vie professionnelle.
Envers et contre tous les contempteurs, Henri Bergeron a toujours considéré
la SRC comme un instrument privilégié du rayonnement de la langue
française et de la culture francophone au Québec et au Canada.
Pour bien des Québécois, jeunes et moins jeunes, aspirants annonceurs
et citoyens ordinaires, Henri Bergeron a été un modèle
dans l’art de s’exprimer. S’il a pu le devenir et, surtout, le demeurer au cours
de ses 33 années de carrière à Radio-Canada et même
après, c’est qu’il ne laissait entendre en tout temps qu’un seul niveau
de langue. De cette constance, mais aussi de la prestance irradiante de l’homme,
se dégageait une force qui, conjuguée à l’effervescence
du milieu culturel d’où elle émanait, allait grandement concourir
à l’affirmation identitaire des Québécois.
Depuis ses débuts à titre de premier annonceur de la première
station de radio française dans l’Ouest canadien (CKSB Saint-Boniface),
Henri Bergeron n’a cessé de s’imposer comme annonceur et présentateur
d’émissions culturelles, scientifiques et d’actualité, tant à
la radio qu’à la télévision de Radio-Canada. À la
télévision, il a présenté des émissions prestigieuses
comme L’Heure du concert, Téléthéâtre, Concert
pour la jeunesse et Les Beaux Dimanches.
En compagnie de son collègue annonceur Raymond Laplante, Henri Bergeron
a été de la première équipe du Comité de
linguistique de la Société Radio-Canada, mis sur pied en 1960
pour susciter une prise de conscience de l’état du français chez
nous et de la nécessité de l’améliorer. Il a en outre animé
plusieurs émissions sur la langue, la qualité du français
parlé, ses difficultés et les pièges de l’anglicisme. L’aisance
dont il faisait preuve ne disait rien de l’effort et de la rigueur qu’il s’imposait
dans leur préparation.