Jean-Claude Lord, lauréate

Naissance le à Montréal, décès le 15 janvier 2022 à 

Témoignage

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Biographie

Ses pairs s’accordent pour dire qu’il y a un « avant » et un « après » Jean-Claude Lord. Sans lui, la télévision québécoise ne serait tout simplement pas ce qu’elle est aujourd’hui. En saisissant les temps forts de l’histoire du Québec et en les offrant de façon aussi novatrice aux téléspectateurs, ce visionnaire a profondément transformé la manière de faire de la télévision.

Tout au long de sa vie professionnelle, malgré les obstacles qui se sont dressés devant lui, Jean-Claude Lord a fait preuve de résilience et n’a jamais cessé de lutter pour porter à l’écran ses idées, pour la plupart à tendance sociale.

« Je suis quelqu’un qui sait se battre pour ses idées et qui a réussi à en concrétiser au moins une douzaine, ce qui justifie selon moi près de cinquante-cinq ans de métier », affirme humblement celui qui est derrière une quinzaine de films et une trentaine de séries télévisées, documentaires, téléréalités et téléfilms, et qui a encore de nombreux projets en cours et à venir.

Réalisateur, scénariste, monteur, producteur et romancier, Jean-Claude Lord excelle dans tous les domaines et sait toucher l’inconscient collectif quel que soit le projet qu’il mène à bien.

Sa carrière débute d’abord au cinéma, alors qu’il est âgé de 20 ans. Dès lors surgit l’idée du scénario à rebondissement de Trouble-fête, auquel il collabore avec Pierre Patry. Le film se hissera au sommet du box-office québécois. S’ensuivent des œuvres cinématographiques à caractère social, dont Parlez-nous d’amour, devenu un film culte, et Bingo, l’un des plus gros succès commerciaux du cinéma québécois des années 1970.

Jean-Claude Lord réussit un tour de force dans les années 1980 en occupant la deuxième place au box-office américain avec Visiting Hours, son premier film en langue anglaise. Cette prouesse, que peu de cinéastes francophones peuvent se targuer d’avoir accomplie, donne le coup d’envoi à trois autres films destinés au même public.

Au milieu des années 1980, il réalise la première de Lance et compte et révolutionne le paysage télévisuel d’ici. Il s’agit de la toute première série lourde tournée dans le style cinématographique, avec de nombreux plans extérieurs, un rythme soutenu à l’américaine et des intrigues contemporaines. Regardée assidûment chaque semaine par plus de deux millions de téléspectateurs, elle connaît un succès fulgurant et lui vaut plusieurs Gémeaux; tout comme à Richard Martin, qui prendra le relais les deux années suivantes. Avec Lance et compte, dont il reprend la réalisation de 2000 à 2008, Jean-Claude Lord réussit l’exploit de river plusieurs générations de Québécois et Québécoises au petit écran et ajoute d’ailleurs d’autres premières québécoises à sa liste déjà bien étoffée. La série, en plus d’être tournée simultanément en français et en anglais, est en effet l’objet d’une coproduction en France et inclut des acteurs étrangers dans sa distribution.

Jean-Claude Lord dirige plusieurs autres séries dramatiques qui marquent chacune à leur façon le paysage télévisuel, dont : L’or, Galidor: Defenders of the Outer Dimension, Quadra, Sirens, Jasmine, Urban Angel, Diva et 30 vies III. Cette dernière est d’ailleurs en nomination aux côtés d’autres remarquables séries aux International Emmy Awards 2017, tenus à New York.

Lors des prix Gémeaux 2017, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision a remis le prix Jean-Besré aux artistes et artisans de District 31, dont fait partie le réalisateur Jean-Claude Lord. Ce prix souligne l’excellence, l’innovation ou l’originalité d’une œuvre dans le domaine de la production télévisuelle ou numérique. Entre septembre 2016 et avril 2017, les cotes d’écoute de cette série dramatique plus vraie que nature n’ont cessé de grimper, atteignant une moyenne de 1,5 million de téléspectateurs après quelque 120 épisodes, un exploit rarissime pour un rendez-vous quotidien.

À travers les histoires auxquelles il donne vie de part et d’autre de la frontière canado-américaine, le réalisateur dénonce des problèmes sociaux, suscitant réflexion et débat. Avant-gardiste, son œuvre télévisuelle, abondante et jalonnée de rendez-vous importants, dénote un besoin viscéral de faire évoluer la société.

Gabriel Pelletier, président de l’Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec, décrit ainsi la marque profonde imprimée par Jean-Claude Lord : « Son plus inestimable legs à la vie culturelle québécoise aura été de réaliser des œuvres divertissantes qui, pour la plupart, nous auront également fait réfléchir. Sans qu’on en prenne parfois pleinement conscience, le discours aura fait son chemin; et voilà tout le génie de l’homme qui possède l’art et la manière de raconter des histoires. »

Partie intrinsèque de la vie des Québécois et Québécoises, l’œuvre de Jean-Claude Lord est étudiée dans les cours de cinéma et de communication.

Information complémentaire

Membres du jury :
Iolande Cadrin-Rossignol
Isabelle Maréchal
Tanya Beaumont
François Gingras

Crédit photo :
  • © Éric Labonté
Texte :
  • MCC