Le bureau du président-directeur général de l’Institut
national d’optique (INO), au cœur du parc technologique de Québec,
est à l’image de celui qui l’occupe : ouvert sur l’extérieur,
calme et ordonné. Jean-Guy Paquet dirige l’INO depuis bientôt six
ans. Depuis l’arrivée de cet administrateur hors pair, le budget du centre
de recherche a augmenté de 25 p. 100 par année, la superficie
de ses installations vient de doubler et la fièvre de l’optique est en
train de gagner toute la région de Québec. Pourtant, c’est presque
le hasard qui a conduit Jean-Guy Paquet à une carrière vouée
à l’administration et à la promotion de la recherche scientifique
comme outil de développement économique.
Jean-Guy Paquet choisit des études dans le domaine des sciences parce
qu’elles lui permettent d’envisager une multitude de métiers. Après
une maîtrise (1960) réalisée à l’École nationale
supérieure de l’aéronautique de Paris, il reçoit son doctorat
en génie électrique de l’Université Laval (1963), sur les
systèmes de pilotage automatique des fusées. Les portes de la
recherche universitaire lui sont alors ouvertes. Cependant, Jean-Guy Paquet
hésite. Il se sent plutôt attiré vers un métier qui
lui permettrait d’aider les autres. L’idée lui restera, mais sa carrière
prend un autre chemin.
À la barre de l’Université Laval
En 1961, Jean-Guy Paquet fait ses débuts comme professeur adjoint au
Département de génie électrique de l’Université
Laval. Pendant dix ans, il se consacre à la recherche et à l’enseignement,
dans les domaines de la théorie des systèmes et de la robotique.
Curieux, touche-à-tout et bourreau de travail, il s’inscrit à
des cours d’administration : « Pour le plaisir d’apprendre et parce que
ces cours étaient pratiquement les seuls, à l’époque, à
se donner le soir. » C’est le coup de foudre. Dès lors, Jean-Guy
Paquet entame une ascension fulgurante dans la hiérarchie de l’Université
Laval. Nommé directeur adjoint du Département de génie
électrique en 1965, à 27 ans, il en prend ensuite la direction
en 1967, avant d’être vice-doyen à la recherche de la Faculté
des sciences et de génie en 1969 et, finalement, vice-recteur à
l’enseignement et à la recherche de l’Université Laval trois ans
plus tard. Malgré ses responsabilités croissantes, l’ingénieur
continue d’étudier, passant d’une matière à l’autre au
gré de ses besoins ou de ses envies, afin de satisfaire son insatiable
soif d’apprendre.
En 1977, à 39 ans, Jean-Guy Paquet se retrouve à la barre de
l’Université Laval. Sous sa gouverne, l’établissement entreprend
une vaste restructuration, implantant notamment un plan triennal innovateur.
Il instaure une véritable politique d’aide à la recherche et à
la formation des chercheurs, dont les retombées se font sentir dans toute
la politique québécoise de recherche. Parallèlement, Jean-Guy
Paquet s’engage activement dans la vie de sa région : « Je ne voulais
plus que l’université soit considérée comme une tour d’ivoire,
mais au contraire qu’elle participe à l’évolution de la région.
»
« Virage des mentalités ou sous-développement tranquille
», voilà le titre pour le moins accrocheur, mais révélateur,
de la conférence que Jean-Guy Paquet prononce devant les membres de la
Chambre de commerce de Québec en 1983. L’économie de la région
ne peut reposer sur la seule fonction publique ou parapublique, il faut prendre
le virage de la technologie. Quoiqu’il soit surprenant à l’époque,
le message de Jean-Guy Paquet est entendu. Il mobilise les énergies autour
de son projet et met sur pied le Groupe d’action pour l’avancement technologique
et industriel de la région de Québec (GATIQ), qui réunit
des représentants du milieu universitaire, des organismes de recherche
gouvernementaux et des entreprises. Quatre institutions qui font aujourd’hui
partie des fleurons de la recherche appliquée au Québec voient
ainsi le jour : le Centre de recherche sur la valorisation de la biomasse, le
Centre francophone en informatisation des organisations, le Parc technologique
du Québec métropolitain et l’INO.
De nouveaux défis
Après deux mandats à titre de recteur, Jean-Guy Paquet se cherche
un nouveau défi. Pour se familiariser avec le secteur privé, il
accepte une offre de la compagnie d’assurances Laurentienne Vie, où il
passera sept ans, d’abord au poste de vice-président exécutif,
puis comme président. En 1994, il retourne à ses premières
amours et devient président de l’INO qu’il dirige depuis d’une main de
maître.
Tout au long de sa carrière, l’ancien chercheur a reçu de nombreuses
distinctions : docteur honoris causa de l’Université McGill à
Montréal, de l’Université York à Toronto et de la Technical
University of Nova Scotia, compagnon de l’Ordre du Canada, officier de l’Ordre
national du Québec et officier de l’Ordre national du mérite de
la République française. L’Ordre des ingénieurs du Québec
l’honore par la remise du Grand Prix d’excellence en 1998 et il reçoit
également le prix Carrière technologique de l’Association des
directeurs de recherche industrielle du Québec en 1999.
Malgré une vie professionnelle bien remplie, le directeur de l’INO,
attaché à sa région, trouve aussi le temps de s’engager
dans sa communauté où l’on fait appel à lui autant pour
son sens pratique et son expertise de gestionnaire que pour sa générosité
: « En vieillissant, j’ai réalisé à quel point je
suis chanceux, et je crois que l’on doit remettre à la société
ce qu’on lui doit. » Président à deux reprises de la campagne
Centraide pour la grande région de Québec, membre du conseil d’administration
de la maison Michel-Sarrazin, cofondateur de la Fondation de l’Opéra
de Québec et de Moisson Québec, ex-président du Musée
du Québec, M. Paquet cumule une expérience impressionnante d’actions
bénévoles depuis plus de vingt ans. En assistant financièrement
les plus démunis et en contribuant à créer des emplois
qualifiés en matière de haute technologie, Jean-Guy Paquet réalise
finalement son vieux rêve : aider son prochain de manière bien
concrète.