Louis Fortier, lauréate

Océanographe

Naissance le 25 octobre 1953 à Québec, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Spécialiste mondialement reconnu des changements climatiques, Louis Fortier a fait de cette problématique son cheval de bataille. Depuis une vingtaine d’années, il tente de mieux comprendre les effets environnementaux et sociaux de ces changements et d’informer la population des problèmes qui menacent l’équilibre de la planète. En vulgarisant les résultats de ses recherches, il espère sensibiliser les décideurs à l’importance de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Biologiste et océanographe, Louis Fortier est né à Québec en 1953. Il est professeur au département de biologie de l’Université Laval et titulaire, depuis 2004, de la Chaire de recherche du Canada en écosystèmes marins arctiques et changements climatiques. Au fil des ans, il s’est intéressé à l’Arctique et aux écosystèmes des mers glacées. À ses yeux, l’Arctique est un monde à la fois fascinant et inquiétant qui se transforme rapidement sous la double pression du réchauffement planétaire et de l’industrialisation. Lors de ses périples, il y a étudié, entre autres, la dynamique des populations de morues polaires. Ces poissons effectuent une grande partie du transfert d’énergie entre le plancton et la faune vertébrée arctique, dont les phoques, les oiseaux marins, les baleines et les humains. Les équipes pluridisciplinaires du professeur Fortier se penchent également sur la vulnérabilité des Inuits face au réchauffement climatique. Leurs travaux ont révélé l’état de santé physique et mentale alarmant de ces populations. Par ailleurs, leurs recherches bénéficient d’une grande couverture médiatique et ont fait la une du Time (Canada), du Washington Post, d’Al Jazeera et du journal Le Monde.

L’intérêt de Louis Fortier pour l’Arctique n’est pas étranger au fait qu’il a grandi aux abords du fleuve Saint-Laurent, où il arpentait la banquise hivernale en compagnie de son chien. Captivé par le fleuve, les navires et la vie aquatique en général, il rêve déjà de parcourir l’estuaire, le Golfe et le grand océan. Son pied marin, Louis Fortier l’a acquis dans les années 1970, durant ses études au baccalauréat en biologie à l’Université Laval. Il s’engage alors comme responsable technique à bord des petits navires de recherche affrétés par le Groupe interuniversitaire de recherches océanographiques du Québec (GIROQ). Plus tard, il obtient une maîtrise en écologie marine de l’Université Laval et un doctorat en océanographie des pêches de l’Université McGill. Il complète également des études postdoctorales à l’Université de Plymouth, en Angleterre. Ses connaissances lui permettent d’explorer les mers de l’Atlantique, incluant la baie d’Hudson englacée.

De retour à l’Université Laval en tant que professeur adjoint, il prend la direction du GIROQ pour le transformer en Québec-Océan. Ce regroupement stratégique de recherche au dynamisme remarquable concerte les efforts des océanographes universitaires québécois et ceux de nombreux collaborateurs au Québec, au Canada et à l’étranger. Leur objectif commun est de protéger l’intégrité des écosystèmes marins arctiques et boréaux. La capacité de recherche de Québec-Océan a permis au professeur Fortier d’assurer le leadership de plusieurs programmes d’envergure nationale et internationale qui ont consolidé l’océanographie québécoise et la recherche arctique canadienne. Parmi ces programmes, on trouve la première étude internationale de la polynie des eaux du Nord-Est (mer du Groenland), réalisée de 1991 à 1995, suivie de l’étude internationale de la polynie des eaux du Nord (baie de Baffin), menée de 1997 à 2001. Ces oasis libres de glace que sont les polynies permettent d’entrevoir à quoi pourraient ressembler les écosystèmes d’un océan Arctique débarrassé de sa banquise par le réchauffement planétaire.

Le rôle grandissant du professeur dans la concertation de la recherche océanographique l’amène à mobiliser le brise-glace de recherche Amundsen, qui réalisera une série de missions scientifiques pour étudier l’Arctique canadien en mutation. Avec ses 100 mètres de longueur, ses 6000 tonnes et ses équipements scientifiques sophistiqués, l’Amundsen est le fer de lance de la renaissance actuelle de l’océanographie arctique canadienne. Cette plateforme de recherche exceptionnelle a permis au Canada d’assumer pleinement le leadership de l’effort international de recherche mené dans sa propre zone de l’océan Arctique.

Parmi les missions de l’Amundsen, on note l’expédition annuelle vers l’archipel canadien et la mer de Beaufort, menée par ArcticNet. Ce réseau des centres d’excellence du Canada constitue le plus important programme de recherche en réseau sur les changements climatiques dans tout le pays. Sous la direction scientifique du professeur Fortier, ArcticNet regroupe 140 des meilleurs spécialistes des sciences naturelles, des sciences sociales et de la santé. Leur objectif est d’anticiper les effets du réchauffement et de l’exploitation grandissante des ressources de l’Arctique sur les communautés inuites et les écosystèmes marins et terrestres. ArcticNet a révolutionné la façon de mener la recherche arctique au Canada. De nouveaux partenariats ont été créés entre les chercheurs, les Inuits, les ministères et le secteur privé. Les champs de recherche en sciences naturelles, sociales et de la santé ont été décloisonnés et réunis autour d’un dénominateur commun, l’Arctique. Les percées scientifiques peuvent alors être traduites en politiques et en stratégies d’adaptation qui permettront de minimiser les effets négatifs de la transformation de l’Arctique et d’en maximiser les retombées positives pour les habitants du Nord.

Le professeur Fortier a formé une importante relève en océanographie, composée de 35 étudiants à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat, et de nombreux techniciens spécialisés. Par ailleurs, plus de 65 jeunes chercheurs ont bénéficié des infrastructures de recherche exceptionnelles que sont Québec-Océan, l’Amundsen, ArcticNet et, depuis plus récemment, la Chaire d’excellence en recherche du Canada en télédétection de la nouvelle frontière arctique canadienne. Ces infrastructures leur ont permis d’établir leur programme de recherche arctique dans les universités du Québec et du Canada.

Grâce à son approche pluridisciplinaire, Louis Fortier a grandement favorisé l’étude concertée des effets des changements climatiques, le développement de l’océanographie au Québec et la renaissance de la recherche arctique au Canada. Sa carrière prolifique en recherche et ses grandes réalisations ont été soulignées à plus d’une reprise : Grand diplômé de l’Université Laval en 2006, Officier de l’Ordre du Canada en 2007 et de l’Ordre national du Québec en 2008, doctorant honorifique de l’Université du Manitoba en 2007, Médaille Stefansson de l’Explorer Club en 2009, pour ne nommer que ces distinctions.

Au cours des dernières années, il s’est beaucoup investi, ici et à l’étranger, dans la sensibilisation du grand public et de la classe politique aux répercussions des changements climatiques dans l’hémisphère Nord. Il espère, pour l’avenir de l’Arctique et de ses habitants, qui comptent parmi les premières victimes des contrecoups du réchauffement planétaire, que le développement durable devienne une priorité pour les dirigeants d’ici et d’ailleurs.

Information complémentaire

Membres du jury :
Michel L. Tremblay (président)
Francine Décary
Denis Dubé
Gisèle Grandbois
Marc Renaud

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : Sylvain Caron Productions Inc
Réalisation : Sylvain Caron
Coordinatrice de production : Nathalie Genest
Caméra et direction photo : Jacques Desharnais
Prise de son : Serge Bouvier et Jean-François Paradis
Maquillage : Anne Poulin
Montage : Sylvain Caron
Mixage sonore : Luc Gauthier, Studio SonG
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens : André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevue : Thomas Gervais
Lieu du tournage : Télé-Québec
Texte :
  • MDEIE