Lucie K. Morisset, lauréate

Naissance le 7 février 1967 à Montréal, décès le à 

Lucie K. Morisset, prix Gérard-Morisset 2022

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Biographie

Lucie K. Morisset a consacré sa carrière à la connaissance et à la valorisation du patrimoine québécois. Historienne de l’architecture et de l’urbanisme, spécialisée dans l’étude de la ville et de ses représentations, cette professeure et chercheuse se distingue notamment par son approche transdisciplinaire, à la fois historique, théorique et pratique, liant l’expertise scientifique à l’expérience des résidents et des résidentes ainsi que des propriétaires d’immeubles patrimoniaux. Affectionnant tout particulièrement les ensembles planifiés et l’architecture vernaculaire du 20e siècle, elle œuvre depuis plus de 30 ans à la reconnaissance et à la préservation du paysage construit de plusieurs villes et régions québécoises, entre autres à Québec et au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Son engagement en ce sens, tout comme ses travaux sur le patrimoine industriel, le patrimoine religieux, l’histoire du patrimoine ou encore le tourisme, constitue une contribution majeure au rayonnement de l’héritage culturel du Québec.

« Cet honneur m’oblige à me mesurer à la grande lignée de celles et ceux qui ont fait exister le patrimoine au Québec et qui, à l’instar de Gérard Morisset, ont montré que le Québec n’avait rien à envier aux “vieux pays”. C’est une invitation à faire plus et mieux, pour continuer de faire exister le patrimoine, d’enrichir le sens que porte notre environnement », répond la professeure quand on lui demande ce que recevoir le prix Gérard-Morisset signifie pour elle.

Lucie K. Morisset est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine urbain, professeure au Département d’études urbaines et touristiques de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal et chercheuse au Centre Cultures – Arts – Sociétés de l’Université Laval. Son travail met en évidence le rôle joué par le patrimoine dans la société en exposant les liens entre l’identité et la culture dans l’environnement bâti. Pour la lauréate, « le patrimoine n’est pas un ornement dans la ville ou le village ni une simple manifestation culturelle : c’est un morceau de milieu de vie qui construit l’attachement des personnes à un territoire ».

La chercheuse de renommée internationale a publié plus de 200 articles et une quinzaine d’ouvrages, dont Territoires d’identité : les villes de compagnie du Canada (2019), Des régimes d’authenticité : essai sur la mémoire patrimoniale (2009) et Les églises du Québec : un patrimoine à réinventer (2005), avec Luc Noppen, proche collaborateur depuis 3 décennies. Elle a aussi dirigé de nombreuses publications collectives, dont La ville : phénomène de représentation (2011) et L’architecture de l’identité (2021).

Également organisatrice et coordonnatrice d’importants projets d’étude et de mise en valeur, Lucie K. Morisset s’est particulièrement intéressée au rôle du patrimoine dans le développement local, surtout dans un contexte de désindustrialisation et de décolonisation. Ses recherches font aujourd’hui d’elle une référence majeure dans la compréhension de l’héritage de l’ère industrielle. Ses écrits sur la théorie du patrimoine ont aussi grandement influé sur la manière dont on considère et préserve le patrimoine dans plusieurs régions du monde. La chercheuse se dit fière « d’avoir contribué à faire évoluer la compréhension du patrimoine en tant que construit social, en situant le Québec et ce qu’on y fait, en français, sur la scène internationale ».

La ville d’Arvida occupe une place de choix dans les travaux de Lucie K. Morisset. La scientifique a développé une véritable passion pour la capitale mondiale de l’aluminium, déclarée site patrimonial par le gouvernement du Québec depuis 2017. Elle lui a consacré plusieurs conférences, articles et ouvrages, dont Arvida : cité industrielle (1998) et Les maisons d’Arvida (2022). Dans ses interventions comme dans ses publications, elle expose l’unicité et l’influence, sur le reste de l’Amérique et du monde, de cette ville construite de 1926 à 1948 pour accueillir les travailleurs de l’aluminerie Alcan. La chercheuse, animée par l’engagement et la détermination de la population et des collectivités locales, collabore aussi de près avec elles dans la conception et la mise en œuvre d’instruments novateurs de protection du patrimoine.

L’apport de Lucie K. Morisset à la formation de la relève est également remarquable. Élue comme membre de la Société royale du Canada en 2011 et lauréate de prestigieuses récompenses pour sa contribution exemplaire à la connaissance, à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine, elle a supervisé plus de 80 thèses de doctorat et mémoires de maîtrise, accueilli de nombreux stagiaires postdoctoraux étrangers et dirigé une centaine d’auxiliaires de recherche.

Information complémentaire

Membres du jury :

  • Pierre Chartrand (président)
  • Eve Wertheimer
  • France Girard
Crédit photo :
  • Éric Labonté