Marie Chouinard, lauréate

Danse

Naissance le 14 mai 1955 à Québec, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Cheveux blonds, large sourire, regard perçant, femme de cœur et de talent, curieuse et brillante, Marie Chouinard a traversé les trente dernières années comme une étoile filante, mais sans jamais pâlir ni s’éteindre. Artiste incroyablement prolifique, n’ayant pas vraiment eu l’idée au départ de devenir danseuse ou chorégraphe, elle est venue à la danse et à la création par amour, intérêt et curiosité pour l’art et le corps en mouvement, et y est restée, mue par la force du destin.

Marie Chouinard travaille, aime à travailler à ses œuvres. Ce qu’elle a voulu faire, elle l’a fait. Chantier des extases, un livre de poésie (2008), des installations, des films, dont l’étonnante série des Cantiques, nos 1, 2 et 3 (2003-2004), des solos et des pièces de groupe, et plus récemment, des œuvres monumentales, dont Orphée et Eurydice en 2008 et LE NOMBRE D’OR (LIVE) en 2010. Aujourd’hui danseuse et chorégraphe, conceptrice artistique, photographe, cinéaste et auteure, artiste du corps et de l’installation, elle signe souvent depuis Étude no 1 (2001), ses scénographies et ses éclairages, réalise les photographies de ses œuvres, conçoit parfois des éléments de costumes et des accessoires pour ses chorégraphies.

Depuis ses débuts avec Cristallisation, jusqu’à sa toute dernière création, LE NOMBRE D’OR (LIVE), ses œuvres ont toujours relevé de la même source, et ce, qu’elles aient été créées par et pour elle, comme dans sa période solo (1978-1990), ou pour les interprètes de sa compagnie, à partir de 1990. Même si avec les années et les expériences accumulées certaines aptitudes ont changé, se sont affinées et complexifiées, son travail artistique origine aujourd’hui comme hier d’un acte de créer similaire, qui selon ses propres mots, tient de « l’urgence et du destin à émettre, à rendre, à donner, à faire se manifester ».

Dans son parcours, formation éclectique et diversifiée, certaines rencontres auront été importantes, peut-être plus déterminantes que d’autres. Bien connue, celle avec Rober Racine, ami et collaborateur de la première heure (Cristallisation, 1978). Moins connues, celle avec l’artiste danseuse Simone Forti en mars 1977, lors des Premières Rencontres internationales d’art contemporain de Montréal, où la jeune Marie pour la première fois est témoin « d’une œuvre d’art où les matériaux sont la danse, l’action, le mouvement dans l’espace ». Moins connue encore, celle avec la danse balinaise et son maître Pak Tutur, où elle découvre, à travers la danse Baris (danse du guerrier) la possibilité d’une concordance parfaite entre l’émotion et le geste. Une concordance où la forme et le fond se répondent en tous points, sans faille. C’est là une révélation qui sous-tendra l’ensemble de sa recherche artistique et la manière dont elle appréhende le monde, la vie, sa création. « Je cherche un corps vide et transparent, un corps dans lequel toutes les cellules sont de lumière, dans lequel toutes les activités organiques seraient lumineuses. Dans cet état-là, le corps peut laisser transparaître absolument tout, de la plus grande douceur à la plus grande violence. Il faut d’abord cette recherche où tout existe sans entrave et où le niveau de liberté est immense. L’œuvre est un accessoire, elle permet aux danseurs d’approcher quelques instants de grâce. »

Ses œuvres – dont plus de 30 solos et 15 pièces de groupe – elle les crée pour les offrir au monde, comme elle a reçu le don de la vie. Marie aime nous faire don de ses créations, cela est d’une grande évidence pour qui sait regarder l’artiste et son œuvre. Et ce qu’elle nous donne, ce n’est pas seulement un événement, mais bien une vision singulière du corps, du mouvement, de l’humain et de l’élan de vie. On trouve ainsi un nombre incalculable de choses dans les créations de Marie Chouinard, des choses sensuelles et sauvages, érotiques et indociles, exubérantes et délicates, mais surtout une grande générosité artistique. « Je sens vraiment que la création est un acte, une action, et j’aime être dans l’action. J’ai le sentiment très puissant d’être en action quand je crée, quand je suis en création. »

Ce sentiment d’être, sentiment de vie s’il en est un, semble avoir été à l’origine de son appétit insatiable à créer avec la même joie, la même curiosité, le même bonheur, la même ardeur. Vent d’énergie dont la résultante se traduit entre autres par la recherche constante d’un accord absolu, parfait, entre tous les éléments et les composantes de ses œuvres. « Je ne peux m’empêcher de travailler, de faire un ajustement constant de tous les détails dans mes œuvres ». Incessant travail, dont le legs se traduit par des titres aujourd’hui éloquents : L’Après-midi d’un faune (1987), Le Sacre du printemps (1993), Le Cri du monde (2000), Chorale (2003), bODY_rEMIX/Les variations Goldberg (2005). Un corpus d’œuvres extrêmement riche et diversifié, d’une véritable singularité esthétique et d’une évidente profondeur artistique.

On comprend aisément alors sa renommée internationale et la présence de ses œuvres sur les scènes du monde (plus de 1000 spectacles), ses nombreuses collaborations avec les grands événements et théâtres de ce monde (Théâtre de la Ville de Paris, Biennale de Venise, ImPulsTanz de Vienne, le Sadler’s Wells de Londres, etc.), son entrée au panthéon du Petit Larousse illustré, ses nombreuses invitations à donner conférences et ateliers, et l’impressionnante liste de prix et de distinctions reçus à ce jour, dont un Bessie Award à New York en 2000, le Prix du Gouverneur général en 2003, sa nomination à titre d’officier de l’Ordre du Canada en 2007 et de chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres de France en 2009.

Étonnante et infatigable Marie Chouinard qui, un matin de 2009, après 20 ans d’absence, nous fait la surprise d’un retour sur scène avec gloires du matin :)-(:, un solo aussi délicat que la fleur dont il porte le nom. Seule chorégraphe québécoise et canadienne à offrir une présence aussi marquée sur la scène montréalaise dans une même année, elle présente à elle seule dans la saison 2010-2011 huit œuvres, dont la reprise des Trous du ciel (1991) sa première pièce de groupe, et celle du solo pour homme Des feux dans la nuit (1999). Jamais personne n’a réussi ce tour de force avant. À cela s’ajoute, pour souligner les 20 ans de la compagnie, la sortie d’un très beau livre intitulé le plus simplement du monde Compagnie Marie Chouinard (éditions du passage). Un album, proche du « Coffee Table Book », qui retrace l’ensemble du travail de la compagnie depuis sa fondation, en 1990. Une occasion unique de replonger et de méditer en toute liberté sur le travail et l’œuvre de l’artiste chorégraphe.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
9 novembre 2010

Membres du jury :
Robert Léger (président)
Luce Couture
Sophie Galaise
Pierre McDuff
Vincent Warren

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : Sylvain Caron Productions Inc
Réalisation : Sylvain Caron
Coordinatrice de production : Nathalie Genest
Caméra et direction photo : Jacques Desharnais
Prise de son : Serge Bouvier et Jean-François Paradis
Maquillage : Anne Poulin
Montage : Sylvain Caron
Mixage sonore : Luc Gauthier, Studio SonG
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens : André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevue : Pascale Navarro
Lieu du tournage : Télé-Québec
Texte :
  • Andrée Martin