Mark A. Wainberg, lauréate

Virologue

Naissance le 21 avril 1945 à Montréal, décès le 11 avril 2017 à 

Entrevue

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Biographie

Plus de 30 millions de personnes sur la planète vivent avec le VIH-sida. La majorité d’entre elles se trouvent dans des pays si pauvres que les coûts des traitements rendent presque impossible l’espoir de survivre à cette affection. On comprend alors toute la nécessité et l’urgence de trouver un moyen de guérir ceux et celles qui sont touchés par cette terrible maladie qui continue sa croissance partout dans le monde. Au fil des années, les traitements se sont peaufinés, de sorte que la majorité des victimes du VIH-sida présentes dans les pays développés survivent à la maladie et peuvent jouir aujourd’hui d’une meilleure qualité de vie. Il en est, malheureusement, tout autrement pour le reste des personnes aux prises avec la dure réalité du VIH-sida, qui se trouvent en forte proportion sur le continent africain.

Au Canada, au début des années 1980, alors que le VIH fait ses premières victimes dans le monde, un chercheur de Montréal s’intéresse de près à cette infection qui suscite beaucoup de questions chez le corps médical : Mark A. Wainberg. Il sera le premier canadien à travailler directement sur cette problématique et deviendra une véritable figure de proue de la recherche sur le VIH-sida à l’échelle internationale. Né à Montréal en 1945, Mark A. Wainberg est titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’Université McGill de Montréal et d’un doctorat de l’Université Columbia de New York. Dès le début de sa carrière de chercheur, il se consacre à la recherche biomédicale, d’abord dans le domaine du cancer et ensuite dans le domaine du VIH-sida. Il a été l’auteur, au cours de sa vie, de plus de 450 articles, faisant de lui un des plus éminents et prolifiques scientifiques en microbiologie.

Parmi ses grandes découvertes et contributions à l’avancement de la recherche dans ce domaine, la définition du 3TC comme traitement antiviral constitue un tournant dans l’évolution du VIH-sida partout dans le monde. Même après 20 ans d’existence, le 3TC est toujours l’un des antiviraux de choix dans le traitement du VIH-sida et est, à ce jour, l’un des moyens les plus efficaces pour contrôler la maladie dans un contexte de trithérapie. En 1996, cette découverte a valu à Mark A. Wainberg le Prix Galien Canada de la recherche et le titre de Médecin de mérite de l’Actualité médicale.

Une autre contribution majeure à la science médicale dans le domaine du VIH-sida est la découverte du problème de résistance du virus aux médicaments. Il sera l’un des premiers scientifiques au monde à soulever des questionnements en ce sens. Bien que cette découverte ait suscité au début un certain scepticisme dans le milieu médical, elle deviendra déterminante dans la recherche de traitements, en raison de la mutation possible du virus pouvant entraîner une résistance aux médicaments chez certaines personnes. Mark A. Wainberg préside d’ailleurs aujourd’hui le comité de l’Organisation mondiale de la santé chargé de se pencher sur la question de la résistance aux médications anti-VIH.

Actuellement, Mark A. Wainberg est professeur au Département de microbiologie et d’immunologie de l’Université McGill, où il enseigne depuis 1977. Durant ces années, il a été un mentor hors pair pour une trentaine d’étudiants qu’il a dirigés lors d’études doctorales et postdoctorales et qui sont devenus eux-mêmes d’éminents scientifiques. Auparavant, il a été chercheur et chargé de cours à la Hebrew University Hadassah Medical School, à Jérusalem, avant de travailler à l’Hôpital général juif de Montréal en 1974.
Il est d’ailleurs le directeur du Centre de recherche sur le sida de cet hôpital depuis 1989. Son parcours professionnel l’a aussi amené à diriger l’Institut Lady Davis de recherches médicales de l’Hôpital juif, de 2000 à 2009, et à diriger le laboratoire de virologie et le département de microbiologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Toutefois, le chemin emprunté par Mark A. Wainberg qui sera le plus déterminant pour des millions de personnes est celui de la défense des intérêts des populations les plus vulnérables face à la maladie. Son dévouement pour la cause des victimes du VIH-sida les plus défavorisées est de loin remarquable. Dès le début, il s’est fait le porteur de la voix de ceux et celles qui ont été laissés pour compte dans la lutte contre cette maladie, notamment lorsqu’il a présidé, de 1998 à 2000, la Société internationale sur le sida. Durant ces années, il a réussi à convaincre la communauté internationale de permettre l’accès au traitement à des milliers de personnes qui en étaient privées. Sa quête de justice l’amènera à participer à l’organisation de nombreuses conférences sur le sujet, dont le Congrès international sur le sida qui s’est tenu en 2000 dans la ville de Durban, en Afrique. Le choix de cette ville représentait un pari, puisque jamais auparavant une conférence médicale d’une telle envergure n’avait eu lieu dans un pays en développement.

Par ailleurs, il a collaboré à l’organisation de la 1re Conférence internationale francophone sur le VIH-sida à Montréal et des Journées québécoises VIH, deux événements qui témoignent aussi de l’importance qu’il accorde à la francophonie dans le milieu de la recherche. Mais c’est lors de la 16e édition du Congrès international sur le sida à Toronto, qu’il a coprésidé en 2006, que ses démarches de sensibilisation de l’opinion internationale ont le plus porté leurs fruits, alors que 20 000 personnes étaient présentes à l’événement. Cette conférence a été de loin la plus grandiose à ce jour dans le domaine du VIH-sida.

En plus de revendiquer l’accès universel et gratuit aux traitements, Mark A. Wainberg réalise une de ses missions premières, soit la promotion de la prévention et de l’éducation sur le VIH-sida, en donnant régulièrement des conférences, notamment à des groupes communautaires et à des étudiants. Le parcours professionnel de Mark A. Wainberg est loin d’être banal, lorsque l’on considère que ses travaux de recherche et son militantisme ont contribué à préserver et à prolonger la vie de millions de personnes dans le monde. La passion et la créativité envers la science du VIH-sida de cet homme décrit par ses collègues comme étant brillant, chaleureux et travaillant, lui ont valu plusieurs mentions d’honneur, ici comme ailleurs : Officier de l’Ordre du Canada en 2001 et de l’Ordre national du Québec en 2005; Chevalier de la Légion d’honneur de la France en 2008 et médaille d’honneur de l’Association médicale canadienne en 2009, pour ne nommer que celles-ci. Ces nominations sont le reflet de l’excellence des réalisations scientifiques du docteur Mark A. Wainberg et de son dévouement pour la cause des personnes infectées par le VIH-sida dans le monde.

Information complémentaire

Membres du jury :
Thérèse Di Paolo (présidente)
Claude Daniel
Laurent Descarries
Philippe Gros
Jana Stankova

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : Sylvain Caron Productions Inc
Réalisation : Sylvain Caron
Coordinatrice de production : Nathalie Genest
Caméra et direction photo : Jacques Desharnais
Prise de son : Serge Bouvier et Jean-François Paradis
Maquillage : Anne Poulin
Montage : Sylvain Caron
Mixage sonore : Luc Gauthier, Studio SonG
Musique originale : Christine Boillat
Musiciens : André Bilodeau, Christine Boillat, David Champoux et Daniel Marcoux
Entrevue : Thomas Gervais
Lieu du tournage : Télé-Québec
Texte :
  • MDEIE