Michel Gauthier, lauréate

Michel Gauthier, prix Lionel-Boulet 2022

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Biographie

Michel Gauthier est un acteur incontournable de la recherche sur les batteries au lithium. Sa carrière a généré d’importantes retombées économiques au Québec, dont l’implantation de l’usine de batteries Blue Solutions, à Boucherville, et de l’usine de phosphate de fer de Johnson Matthey, à Candiac. À 78 ans, il travaille actuellement au démarrage d’une autre entreprise, Ignis Lithium, qui misera sur un nouveau procédé de fabrication du phosphate de fer comme matériau de batterie.

D’aussi loin qu’il se souvienne, Michel Gauthier a toujours été habité par un enthousiasme, un idéalisme et un désir d’apprendre; des qualités qu’il a héritées de sa mère. Orphelin d’un père mort à la guerre, le jeune Michel est engagé par la Shawinigan Water And Power Company, qui fera partie d’Hydro-Québec après la nationalisation accomplie par René Lévesque. Il y travaille plusieurs étés.

Aussi passionné par l’histoire que par les sciences, il choisit d’étudier en chimie à l’Université de Montréal et obtient son doctorat en électrochimie en 1970. Par la suite, ses études postdoctorales l’amènent à passer deux ans à Grenoble, où il se spécialise en électrochimie des solides à l’École nationale supérieure d’ingénieurs.

De retour au Québec en 1972, il amorce une fructueuse carrière de 27 années chez Hydro-Québec et se joint à l’équipe de Lionel Boulet, qui vient de créer l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ).

« C’était un visionnaire! Au-delà d’Hydro-Québec comme producteur d’électricité, il souhaitait, par la recherche, aller encore plus loin dans l’industrialisation et faire entrer le Québec dans l’ère moderne. J’ai embarqué dans ce rêve-là! », raconte le chercheur.

« À partir du moment où l’on fabrique beaucoup d’électricité, la question, c’était : “Que peut-on faire d’utile avec cette électricité?” Le véhicule électrique était déjà dans ma tête, à cette époque. »

Michel Gauthier développe une expertise sur les accumulateurs au lithium pour répondre aux besoins de stockage chimique de l’énergie électrique. Il travaille sur le projet Accumulateur à électrolyte polymère (ACEP) et, en 1999, figure comme inventeur sur 36 des 108 familles de brevets détenus par Hydro-Québec pour cette technologie. Ses réalisations ont permis au Québec de se placer en tête de peloton dans la mise au point des premiers accumulateurs tout solide.

Soucieux du développement local, le chercheur contribue à mettre sur pied des filiales d’Hydro-Québec, soit la coentreprise ACEP avec la société japonaise Yuasa et la filiale Argo-Tech en lien avec la société américaine 3M et le US Battery Consortium, pour commercialiser les brevets sur les accumulateurs. Il dirige alors 3 équipes de 145 chercheurs, ingénieurs et techniciens.

Par la suite, Argo-Tech devient Avestor, puis Blue Solutions Canada. Propriété de la multinationale Bolloré, l’usine de Boucherville compte aujourd’hui quelque 170 employés. La production de l’entreprise, qui a fabriqué la première batterie tout solide au monde, repose sur les brevets liés à la technologie ACEP.

L’après-Hydro-Québec

En 1999, Michel Gauthier quitte l’IREQ. Il se lance en affaires à titre de conseiller scientifique, devient chercheur invité au département de chimie de l’Université de Montréal et fonde, en 2001, l’entreprise Phostech Lithium. Son but : implanter au Québec la première usine de production de phosphate de fer au monde, un matériau d’électrode susceptible de remplacer l’oxyde de cobalt dans les accumulateurs au lithium-ion.

Le projet culmine avec l’ouverture, en 2006, d’une première usine à Saint-Bruno-de-Montarville. Une seconde installation, d’une plus grande capacité de production, voit ensuite le jour à Candiac. L’entreprise produit maintenant des matériaux de batterie sous le nom de Johnson Matthey Battery Materials.

Le chercheur poursuit aujourd’hui son rêve de faire évoluer l’industrie en s’affairant au démarrage d’Ignis Lithium. Son fils Laurent participe au projet avec lui. « Ce sera probablement ma dernière aventure scientifico-commerciale! », lance-t-il en mentionnant que Tesla utilise maintenant le phosphate de fer dans ses voitures électriques.

Innovateur et entrepreneur hors pair, Michel Gauthier contribue à stimuler le développement économique à partir de la propriété intellectuelle. « L’idée, c’est de prendre des brevets pour renforcer notre position et aller chercher des partenaires d’envergure », fait-il remarquer.

Pour la fabrication du phosphate de fer, il négocie l’accès à deux familles de brevets clés : l’une auprès de l’Université de Montréal et l’autre auprès du Dr John Goodenough, lauréat du prix Nobel de chimie en 2019. C’est dans sa magnifique maison patrimoniale du Vieux-La Prairie que Michel Gauthier accueille l’érudit chercheur. De nombreux invités de l’Allemagne, de la France, des États-Unis et du Japon se succèdent aussi à sa table pour discuter affaires, projets et partenariats.

« Autant je m’intéresse au passé, autant le futur me préoccupe beaucoup. On a l’impression d’influencer un peu l’évolution de cet avenir en rendant disponibles des solutions innovantes et moins dommageables pour la planète. »

Michel Gauthier est heureux des retombées engendrées par ses recherches. Des entreprises bien implantées fabriquent désormais ce qu’il avait en tête il y a cinquante ans. « La question de l’énergie, c’est un enjeu majeur présentement avec le réchauffement climatique. Je suis fier d’avoir apporté ma petite contribution dans un domaine qui préoccupe l’humanité. »

Résumé de la carrière de Michel Gauthier

Michel Gauthier est un acteur incontournable de la recherche sur les batteries au lithium. Sa carrière a généré d’importantes retombées économiques au Québec, dont l’implantation de l’usine de batteries Blue Solutions, à Boucherville, et de l’usine de phosphate de fer de Johnson Matthey, à Candiac. Il travaille actuellement au démarrage d’une autre entreprise, Ignis Lithium, qui misera sur un nouveau procédé de fabrication du phosphate de fer comme matériau de batterie.

Information complémentaire

Membres du jury :

  • Jean Caron (présidente)
  • Monique Lacroix
  • Gervais Soucy
  • Antonella Badia
  • Nathalie Ouimet
Crédit photo :
  • Éric Labonté