Le plus jeune lauréat du prix Paul-Émile-Borduas n’a pas une
longue carrière au moment de sa nomination, mais il s’est déjà
imposé comme une figure marquante de la nouvelle sculpture québécoise.
Michel Goulet sera d’abord ce qu’il est convenu d’appeler un « sculpteur
abstrait , le meilleur de sa génération, qui travaille les
entités traditionnelles de la modernité sculpturale : l’horizontalité
et la verticalité, la frontalité, l’équilibre… Avec des
matériaux divers : le plastique, d’abord, puis le métal. En 1980,
le Musée d’art contemporain de Montréal présente une mini-rétrospective
de ses travaux des cinq dernières années, qui révèle
toute la richesse et la justesse de la première manière de Goulet.
Au début des années quatre-vingts – à la suite de
sa participation au Symposium international de sculpture environnementale de
Chicoutimi, où il a l’impression que les gens viennent le voir travailler
sans avoir de véritables contacts avec lui –, le sculpteur fera
un pas en direction du public, sans rien renier de ses propres exigences par
rapport à la discipline de la sculpture. Il continuera à assembler
des formes et des matières – même si celles-ci sont devenues des
tables, des chaises, des lits, des entonnoirs, des valises, des fusils, des
boîtes, des poubelles… Le message demeure le même ; il n’y
a que le lexique qui change. Goulet reste fidèle à sa pratique
d’inventoriateur : « L’art qui découvre renonce à la
priorité de l’invention (images, fantaisies, placements aléatoires).
Il renoue plutôt avec la mémoire privée et collective. Il
tend à l’inventaire des acquis culturels (constructions et comportements)
qui permettent de décrire plutôt que d’illustrer, d’agrémenter,
de séduire, etc. »
Au cours des 20 dernières années, le travail proprement sculptural
de Michel Goulet a été présenté régulièrement
dans les lieux les plus prestigieux au Québec et au Canada, mais aussi
à Paris, à New York et à Venise, notamment, où il
représentait le Canada à la XLIIIe Biennale d’art contemporain.
Par ailleurs, Goulet est l’auteur de plusieurs œuvres d’art public – un
domaine dont il a largement contribué à transformer le langage
–, dont l’une (Les Lieux communs, 1989) a été présentée
sur Doris Freedman Plaza, à New York, à l’invitation du Public
Art Fund. Le sculpteur est enfin scénographe de théâtre,
et ses réalisations dans ce champ lui ont déjà valu de
nombreux prix au Québec, en plus de le conduire, en 1997, au Festival
d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais des papes.