Michel L. Tremblay, lauréate

Entrevue

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Biographie

Michel L. Tremblay est reconnu mondialement pour ses travaux sur le cancer et d’autres maladies impliquant les protéines tyrosine phosphatases.

Menant ses recherches à l’Université McGill depuis 1992, il a été l’un des premiers à identifier plusieurs de ces protéines, à démontrer leur importance dans les modèles animaux et à valider leurs valeurs comme cibles possibles dans le traitement de plusieurs maladies comme le cancer, le diabète et la maladie d’Alzheimer.

Au cours de sa carrière, il a fondé le Centre de recherche sur le cancer Rosalind-et-Morris-Goodman, qu’il a dirigé jusqu’en 2012. Titulaire de la Chaire de recherche Jeanne-et-Jean-Louis-Lévesque, il a mis sur pied de solides réseaux de recherche. Il a aussi contribué à la signature d’ententes interuniversitaires qui ont ouvert la porte à de nouveaux échanges à l’international.

Michel L. Tremblay fait preuve d’une grande humilité. En dépit de ses réalisations, il attribue sa carrière exceptionnelle en partie au destin. Il se dit notamment fortuné d’avoir rencontré de formidables collègues et étudiants, des assistants et associés de recherche d’excellence, et grâce à toutes ces collaborations, d’avoir remporté le prix Armand-Frappier en 2013.

C’est toutefois un triste événement qui a orienté sa spécialité. Tandis qu’il étudie à la maîtrise en virologie à l’Université de Sherbrooke, sa mère décède d’un cancer du sein. Il décide alors de poursuivre ses études de doctorat à l’Université McMaster, à Hamilton, où il étudie le rôle de l’adénovirus dans le cancer.

Par la suite, grâce à ses travaux sur les cellules souches embryonnaires, menés lors de son postdoctorat aux National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, il a généré le premier modèle d’une souris par recombinaison homologue reproduisant une maladie humaine, la maladie de Gaucher.

Michel L. Tremblay a publié dans les plus grandes revues scientifiques. On lui doit plus de 240 articles et chapitres de livres, en grande majorité dans le domaine des protéines phosphatases. Son laboratoire a été le premier à publier le rôle modulateur de l’une de ces protéines, la PTP1B, sur le récepteur de l’insuline, dans la revue Science.

Les travaux du professeur Tremblay sur la PTP1B ont amené des compagnies pharmaceutiques à développer des inhibiteurs de cette phosphatase, notamment pour le traitement du diabète. Certains de ces traitements sont actuellement en phase clinique.

« J’ai été bien appuyé durant toute ma carrière. Mon laboratoire va bien, je suis très fier d’avoir reçu des subventions tout au long de ces années de recherche », exprime-t-il, reconnaissant. Une quinzaine d’étudiants et d’étudiantes originaires de différents pays travaillent aujourd’hui dans son laboratoire, où les locaux offrent une jolie vue sur les environs; une gracieuseté de Michel L. Tremblay, qui a chapeauté l’aménagement du centre.

En plus de ses activités de recherche, Michel L. Tremblay a démarré trois entreprises durant sa carrière, dont Mispro Biotech, qui propose des installations de recherche et des laboratoires collaboratifs pour les compagnies de biotechnologies. Implantée au Canada et aux États-Unis, l’entreprise connaît une croissance importante. Le chercheur a également cofondé Kanyr Pharma pour pouvoir convertir les connaissances sur les protéines tyrosine phosphatases en de nouvelles applications cliniques. L’entreprise travaille à développer des technologies pour des traitements novateurs visant à améliorer le système immunitaire contre le cancer.

Ce père de quatre enfants et grand-père de trois petits-enfants reçoit le prix Wilder-Penfield avec un sens des responsabilités. « Il y a tellement de problèmes de société où les sciences peuvent contribuer à la solution, souligne-t-il. Nous avons comme scientifiques un devoir d’être présents et de nous engager pour vaincre les maladies, pour améliorer le climat, dans la promotion d’une société juste et dans d’autres causes où l’on peut faire une différence positive. »

Michel L. Tremblay s’implique dans une multitude de comités et d’organisations, dont l’Académie des sciences de la Société royale du Canada, le comité consultatif de l’Association canadienne-française pour l’avancement des sciences et plusieurs comités scientifiques, notamment à la Société de recherche sur le cancer et à la Société canadienne du cancer.

Il continue d’enseigner la génétique et la biologie moléculaire, entre autres, et participe activement aux processus de transfert technologique des centres de recherche aux secteurs privés. Il consacre aussi ses énergies au Réseau de médecine régénérative de l’Université McGill, un organisme qu’il dirige depuis 2017 et qui vise à faire avancer les connaissances sur les cellules souches et autres thérapies cellulaires. « C’est le futur de la médecine », lance-t-il, heureux de contribuer à former une nouvelle génération de chercheurs dans ce domaine.

Information complémentaire

Membres du jury

Jean-Pierre Perreault (président)

Peter Tijssen

Guy G. Poirier

William Foulkes

François-Thomas Michaud

Crédit photo :
  • Éric Labonté