Paul-Marie Lapointe, lauréate

Naissance le 22 septembre 1929 à Saint-Félicien, décès le 16 août 2011 à 

Biographie

Considéré comme l’un des poètes les plus accomplis de sa génération, Paul-Marie Lapointe a fait son entrée en littérature par des textes fracassants. La même année que paraît le manifeste Refus global (1948), il publie Le Vierge incendié, recueil incandescent qui ouvre la voie royale d’une œuvre en mode majeur. Avec ce texte fétiche, Paul-Marie Lapointe imposait au jeune paysage littéraire québécois un langage qui, en France, s’était déployé dans les arcanes du surréalisme. La poésie, ici, affirmait qu’elle pouvait inventer son propre langage et faire de ce lieu les conditions mêmes de sa révélation. Dans cette affirmation de la liberté première du langage, le poète a charge de communiquer avec le monde et d’inventer le rapport qu’il désire, à ses conditions, sans se soumettre aux obligations de sens et de formes qui caractérisent les structures du discours réaliste. Le mode inaugural de la poésie est d’affirmer sa totale indépendance par rapport aux lois mêmes du langage qui ont structuré jusqu’à aujourd’hui la conscience qu’il croit avoir de lui-même.

Pour le poète, dont la fonction première est de « changer le monde », il s’agit donc de chercher une langue « avant l’imposition du discours de sujétion de l’homme ». Pour lui, il est impossible que la pensée s’articule dans un processus d’évolution éclairé sans qu’une attention très grande soit accordée aux mots qui, mis en rapport de force vibratoire entre eux, permettent de faire sens. La critique a montré, après la publication de recueils importants, notamment Pour les âmes (1965) et surtout la rétrospective Le Réel absolu (1971), que le poète entretenait des rapports « polémiques avec le réel », ce qui a tôt orienté sa démarche poétique vers une dimension politique évidente, qui partage dans sa révolte langagière celle d’Éluard, de Desnos, de Guillevic.

Paul-Marie Lapointe est un poète intégral. Il pratique encore aujourd’hui une poésie qui déjoue les pièges du poétique et du politique, et surtout ceux du réel qui s’y camoufle. Il laisse surgir au sein de son langage les règnes fondamentaux de l’homme, de l’amour à l’animal, du végétal à l’éternel, de l’anecdotique à l’historique. Par la précision de son verbe, la définition de ses acquis langagiers, il a produit une œuvre exemplaire, à la limite des mots de Novalis : « La poésie est le réel absolu. »

Pour l’ensemble de sa production, qui comprend aussi les recueils Tableaux de l’amoureuse (1974), Bouche rouge (1976), Arbres (1978), écRiturEs (1980), Le Sacre (1998), Paul-Marie Lapointe a reçu le prix Francophonie Leopold Sedar Senghor en 1998 et le prix Gilles-Corbeil en 1999.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
29 février 1972

Membres du jury :
Gilles Marcotte (président)
René de Chantal
Nicole Deschamps
Pierre Pagé
Gabrielle Roy

Crédit photo :
  • Jules Rochon
Texte :
  • Pierre Filion