Pierre Bourgault, lauréate

Naissance le 23 janvier 1934 à East Angus, décès le 16 juin 2003 à Montréal

Biographie

Investir tous les lieux de parole : voilà le fil conducteur qui traverse
les quelque 40 ans de vie publique de Pierre Bourgault. La langue, son principal
« outil de travail », il s’en est servi partout, toujours. Sur les
tribunes politiques, bien entendu, mais aussi, et peut-être surtout à
la radio, à la télévision, à l’université,
dans les colonnes des journaux, dans les pages d’une dizaine de livres, dans
une chanson célèbre (Entre deux joints, mise en musique
et popularisée par Robert Charlebois), et même au cinéma,
dans Leolo.

Pierre Bourgault a ressenti très tôt une forte envie de s’exprimer.
C’est à la station de radio CHLN, à Trois-Rivières, qu’il
fait ses débuts comme animateur. Puis ce sera Sherbrooke, Ottawa et Montréal.
Au début des années soixante, il fait un détour par la
télévision de Radio-Canada, où il est régisseur
durant trois ans. En parallèle, il s’illustre comme grand reporter à
La Presse.

La politique l’absorbe ensuite. De 1964 à 1968, il sera président
du Rassemblement pour l’indépendance nationale qu’il a contribué
à fonder. Il affine alors son talent d’orateur. Sur les tribunes, il
se révèle fougueux, éloquent, enlevant. On parle de son
« verbe de feu ». Il fascine. Mais son magnétisme, son propre
ascendant sur les foules, l’effraie parfois. Et en 1973, il abandonne une flamboyante
carrière politique durant laquelle il avait prononcé en moyenne
235 discours par année, dont plusieurs à l’extérieur du
Québec.

Pierre Bourgault revient au journalisme comme chroniqueur. Il distille ses
opinions fortes et originales, qui ne sont pas exclusivement politiques, dans
les grands journaux et magazines québécois et canadiens. En 1976,
le décrocheur est devenu professeur à l’Université du Québec
à Montréal, au Département des communications.

Pour lui, les Québécois souffrent dans leur rapport à
la langue. Ils ont cette difficulté de nommer, de dire les choses. Ce
flou de l’expression découle, selon Pierre Bourgault, d’une histoire
et d’une situation politique. « Le joual est une conséquence d’une
histoire vécue, faite de la Conquête et de la séparation
d’avec la France. » Cette langue de minoritaire, de colonisé, il
la fustige. Mais, précise-t-il, être colonisé, « ce
n’est pas grave en soi ». Ce qui est grave, estime-t-il, c’est « de
l’accepter et de ne pas travailler pour se débarrasser des conséquences
». Pierre Bourgault, lui, en refusant de se plier, est devenu l’un des
plus grands orateurs que le Québec ait connus.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
6 décembre 1997

Membres du jury :
Marie Laberge (présidente)
Jacques Desautels
Robert Dubuc
Crédit photo :
  • Marc-André Grenier
Texte :
  • Antoine Robitaille et Claude Janelle