Pierre Perrault, lauréate

Naissance le 29 juin 1927 à Montréal, décès le 24 juin 1999 à Montréal

Biographie

On dit de Pierre Perrault qu’il est venu au cinéma par la parole. Mais
on pourrait dire plus justement qu’il est parvenu au septième art par
l’oreille ! Avec ses mots justes et rares qui savent gagner la confiance de
l’autre, il a parcouru l’âme du pays. Certains diront qu’il s’agit d’un
inventaire. Mais, en donnant cette parole à ceux qui avaient toujours
cru devoir se taire, en écoutant sans interviewer, Pierre Perrault va
plus loin, jusqu’au tréfonds de l’âme d’un peuple qui cherche ses
racines, son identité.

L’Île-aux-Coudres prendra une place toute particulière dans son
œuvre. Trois films, Pour la suite du monde (1964), Le Règne
du jour
(1966) et Les Voitures d’eau (1968) naîtront de cette
rencontre fabuleuse avec un peuple vrai, en relation très forte avec
la nature. Puis, au moment où la ferveur nationaliste souffle sur le
Québec, Perrault vérifie où en est le pays avec Un pays
sans bon sens
(1970) et L’Acadie, l’Acadie ?!? (1971), deux films
qui abordent la lutte des peuples minoritaires pour préserver leur identité.

Pierre Perrault entreprend ensuite deux cycles, concurremment, l’un sur l’Abitibi,
l’autre sur les Amérindiens. Le premier interroge le passé et
le présent de l’Abitibi, fait le procès de la colonisation et
des promesses qu’elle a fait miroiter. Le deuxième cycle donne la parole
aux Amérindiens, « ceux qui étaient là avant nous,
mais qui ne sont pas nos ancêtres ». Avec eux il réalise
Le Goût de la farine (1977) et Le Pays de la terre sans arbre
(1980).

La quête de Perrault se poursuit et s’approfondit. Il monte encore plus
haut dans le Nord et établit « un dialogue avec les bœufs
musqués ». L’Oumigmag ou l’Objectif documentaire (1993),
qui donne lieu à un essai de 300 pages que le cinéaste considère
comme son testament cinématographique, et Cornouailles (1994)
montrent les grands espaces et cette bête un peu mythique – ou
lumineuse
, pour reprendre le titre d’un autre de ses films consacré
au grand rite de la chasse – qui, à travers les siècles,
a survécu à la froidure, à la faim et aux conditions extrêmes
du Grand Nord.

Pierre Perrault aura permis au Québec de se construire une mémoire,
cette mémoire essentielle à la définition de notre identité.
Son écriture filmique, qui a la finesse et la sensibilité propres
à rapprocher le cinéma, la poésie – qu’il a pratiquée
abondamment – et la culture populaire, a su redonner des racines et une voix
à un peuple dépossédé qui avait toutefois laissé
partout des traces de sa poésie. Perrault a suivi ces traces et nous
les a montrées pour que nous nous souvenions, créant ainsi un
pont entre la civilisation traditionnelle et le présent.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
23 novembre 1994

Membres du jury :
Michel Brault (président)
Georges Dufaux
Léa Pool
Crédit photo :
  • François Brunelle
Texte :
  • Yolande Côté et Claude Janelle