Raymond Montpetit, lauréate

Biographie

Entre les années 1970 et 2000, la muséologie québécoise connaît un essor exceptionnel, un renouveau qui doit beaucoup au dynamisme, à la conviction et à la passion de Raymond Montpetit. Chercheur, muséologue, directeur fondateur, auteur, professeur : la richesse de son parcours est à l’image de tout ce qu’il contribue à apporter à la culture québécoise.

L’élément déclencheur de sa vocation est l’exposition Terre des Hommes, en 1967. « Ça a été un choc pour moi. Cela m’a montré combien les musées étaient en retard comparés au genre d’expositions présentées dans les expositions universelles : celles-ci étaient thématiques et dynamiques, misant sur les technologies de communication », explique-t-il.

Dès 1974, par la conception et la réalisation d’expositions temporaires ou permanentes, Raymond Montpetit s’engage dans la diffusion du patrimoine auprès d’un large public. Qu’il expose la culture urbaine de Montréal avec Sports et divertissements populaires à Montréal au XIXe siècle (Bibliothèque nationale du Québec, 1976) ; un legs artistique méconnu avec Paul-Émile Borduas photographe : un regard sur Percé été 1938 (Le Chafaud, Percé, 1998) ; l’histoire du Québec avec Mémoires (Musée de la civilisation, 1988); ou la relation entre art et mémoire collective avec Je me souviens. Quand l’art imagine l’histoire (Musée national des beaux-arts du Québec, 2002); il exprime une vision novatrice qui inscrit la muséologie québécoise dans un courant moderne et accessible, respectueux et attractif pour les initiés comme pour le grand public.

Afin d’améliorer le fonctionnement professionnel des musées québécois, il joue un rôle majeur dans la mise en place du premier programme de maîtrise en muséologie au Québec en 1987, dont il est le directeur-fondateur et qu’il dirigera de nouveau de 1993 à 1999. Cette maîtrise vient combler les besoins criants de formations muséales et favoriser l’émergence de générations de muséologues sensibilisés aux défis désormais inhérents au domaine. Démocratisation, approches participatives, nouvelles technologies : Raymond Montpetit a pleinement conscience des vecteurs à privilégier pour renouveler, diffuser et optimiser l’accès aux différentes collections.

La notion de création se décline sous bien des aspects dans sa carrière. Sous forme d’expositions, bien sûr; mais rapidement, dans de nombreux projets de musées nouveaux dans lesquels il s’engage. Entre 1981 et 1983, il contribue à la conception du Centre d’histoire de Montréal, premier musée municipal inspiré des centres d’interprétation américains et, dès 1987, il définit les grandes lignes de ce qui deviendra Pointe-à-Callière, musée d’archéologie et d’histoire de Montréal. En 2001, il dirige la création du nouveau musée régional La Pulperie de Chicoutimi qui se penche sur l’histoire et l’identité du Saguenay. Plus récemment, il rédige l’étude qui conduit à la création du Centre des mémoires montréalaises, inauguré en 2023.

Sa volonté de valoriser et d’interpréter le patrimoine le conduit à s’intéresser aux politiques du patrimoine, l’autre rôle décisif qu’il endosse au début des années 2000, dans la suite logique de sa démarche. En effet, comme membre du Groupe-conseil sur la Politique du patrimoine culturel du Québec qui rédige le rapport Notre patrimoine, un présent du passé, destiné au ministère de la Culture et des Communications, il défend 2 principes. Tout d’abord, il souhaite intégrer les concepts de paysages culturels patrimoniaux et de patrimoine immatériel à la Loi sur le patrimoine culturel, ce qui ouvre la voie à la célébration de la culture populaire ainsi qu’aux porteurs et porteuses de traditions et de savoir-faire. Il soutient ensuite la reconnaissance et l’appropriation collectives du patrimoine par les communautés. Ces 2 grandes orientations seront finalement incluses dans la Loi qui sera adoptée en 2012.

En 2005, il poursuit le chantier de formation entamé presque 20 ans auparavant en participant à la création du premier doctorat en muséologie, fondé en collaboration avec l’Université d’Avignon. Cette perspective internationale place le Québec comme chef de file de la recherche muséale au pays et accroît encore plus la notoriété de Raymond Montpetit au-delà des frontières.

Grâce au caractère novateur de ses réalisations, à l’aplomb de ses décisions et à sa volonté immuable de transmettre ses connaissances, Raymond Montpetit est l’un des muséologues québécois les plus lus et reconnus dans le monde. Il prend régulièrement part à de nombreux congrès et colloques en plus de compter à son actif plus de 100 conférences prononcées ici et à l’étranger. Ses textes sont largement diffusés dans la francophonie muséale et au-delà, certains ayant d’ailleurs été traduits en plusieurs langues. Beaucoup ont atteint le statut de références, comme Une logique d’exposition populaire : les images de la muséographie analogique publié en 1996 dans la revue Publics et Musées.

Nommé professeur émérite par l’Université du Québec à Montréal en 2014, Raymond Montpetit continue de participer à des projets de recherches et de publications. Il conserve toujours en tête son principal objectif de rendre accessible notre patrimoine par les musées et de placer le public au centre de l’exposition.

« Je vois ce prix comme une reconnaissance des immenses progrès qu’ont faits les musées québécois et des degrés de qualité qu’ils ont atteints aujourd’hui », résume-t-il.

 

Information complémentaire

Membres du jury :

  • Marc Maziade, président
  • Louise Lalonger
  • France Rémillard
  • Carole Saulnier
  • Luce Vermette
Crédit photo :
  • Joanie Fortin