René Derouin, lauréate

Naissance le 28 avril 1936 à Montréal, décès le à 

Biographie

Depuis sa maison de Val-David, qu’il a construite de ses mains, René
Derouin rayonne sur les Amériques. La longue marche intérieure,
qui l’a conduit de l’enfant délicat à l’homme dont la puissante
énergie s’inscrit dans des œuvres de plus en plus bouleversantes,
l’a mené à étendre ses racines du nord au sud, de la terre-mère
aux profondeurs marines. Maintenant sans cesse l’équilibre fragile entre
la permanence et l’éphémère, toujours ancré dans
la réalité du monde dans lequel il évolue, René
Derouin est parvenu à créer un corpus artistique dont la portée
universelle et la pérennité sont désormais assurées.

René Derouin, parti à la recherche de lui-même en 1955,
pose son regard sur le monde, sur les autres, sur l’autre, il veut traduire
ce qu’il voit. Cependant, son regard plonge vers l’intérieur. C’est ainsi
qu’il parvient à faire affleurer à la surface de la toile, du
papier, du bois, du bronze, bref de toute matière qu’il touche, l’essence
de la tragédie humaine.

De 1955 à 1970, René Derouin travaille, voyage, expérimente
: Mexique, Canada, États-Unis, Japon. Il fréquente de prestigieux
ateliers, rencontre des maîtres qui marqueront son évolution, Pablo
O’Higgins et Rufuno Tamayo au Mexique, les maîtres graveurs japonais Toshi
Yoshida ainsi que Munakata, de qui il apprend le contrôle de l’énergie
physique et mentale. Il étudie l’espagnol, la peinture de murales, la
gravure. Tous les éléments clés qui seront la base de l’élaboration
de son œuvre sont désormais présents : identité, migration,
métissage.

René Derouin a produit depuis le début des années quatre-vingts
quelques-unes de ses œuvres majeures dont Suite nordique, Between, Empreintes
et Reliefs.
De 1989 à 1992, il prépare l’installation Migrations,
un projet qu’il réalise au Québec et au Mexique, pour lequel il
crée 20 000 figurines. L’événement important des dernières
années sera, en 1994, le largage dans le fleuve de 19 000 de ces figurines
en céramique, qu’il explique ainsi : « Un geste délinquant
mais réfléchi, un geste d’artiste avec tout ce que ça a
de transcendant. Un geste gratuit, de l’ordre du sacré, dans une société
qui a évacué tout sacré. » Il ajoute : « Le
largage, c’est un geste qui m’a donné naissance, me permettant de me
larguer moi-même. C’est aussi un geste d’enracinement à l’intérieur
du Québec. C’est l’œuvre la plus publique, la plus permanente, désormais
rien ni personne ne peut la contrôler. »

Information complémentaire

Date de remise du prix :
23 novembre 1999

Membres du jury :
Rose-Marie Arbour (présidente)
Paul Béliveau
Yvon Cozic
Rosie Godbout

Crédit photo :
  • Louis-Michel Major
Texte :
  • Janette Biondi et Claude Janelle