Rina Lasnier, lauréate

Naissance le 6 août 1915 à Saint-Grégoire Iberville, décès le 9 mai 1997 à Saint-Jean-sur-Richelieu

Biographie

L’œuvre de Rina Lasnier est considérée comme l’un des plus hauts chants de notre poésie. L’auteure a signé des recueils qui sont devenus les fondements de l’art poétique québécois moderne : Présence de l’absence (1956), Mémoire sans jours (1960) et L’Arbre blanc (1966).

Un temps occultée par sa dimension catholique et même mystique qui aujourd’hui ne fait plus écran à la véritable fondation esthétique de sa poésie, l’œuvre de Rina Lasnier est traversée par un profond cri d’amour qui fait écho aux angoisses fondamentales et aux déroutes millénaires de la condition humaine. Au cœur de ce puissant cri inaugural, poésie et démarche spirituelle vont de pair pour cette écrivaine de l’absolu, dans une intense recherche amoureuse et religieuse du sens. Sens de la vie et des êtres, sens du visible, sens du sang des guerres, des fléaux et des injustices qui affligent la terre, sens des enfants de la lumière qui souffrent, sens du sacré qui traverse le réel, parfois au sein d’une tension et d’une douleur insupportables. Cette « aventurière des abîmes » mène sa plume avec une pureté et une transparence qui viennent souligner la cruelle opacité du monde.

À travers un vocabulaire luxuriant, un lexique qui joue des nuances de la langue, une musicalité d’artiste, un dialogue constant et audacieux avec l’invisible, Rina Lasnier a montré son attachement pour les poètes orientaux et soufis, près des grands textes fondateurs de la spiritualité universelle par leur attachement à retrouver les sources mystiques de la connaissance. « La voix de Rina Lasnier dépasse, avec son chœur multiple, la voix de tout enfermement, c’est une voix universelle qui nous vient du fond de l’âme… », écrit Marie-Claire Blais.

À travers le chant superbe de sa poésie, la poète illustre que les forces qui animent son écriture peuvent éveiller la conscience du monde et guérir sa souffrance originelle. L’acte poétique apporte son soutien à cette entreprise d’une souveraine solitude. « Achever un poème, c’est toujours rupturer la poésie ; c’est, après avoir choisi une forme et un ton, renvoyer la substance poétique à l’informe. » La poésie de Rina Lasnier, solidaire de la chair et de l’esprit de l’homme, investit sa nature pour en parfaire le rapport avec l’essence du divin. Son poème fétiche, La Malemer, qui inaugure le recueil Mémoire sans jours, est une illustration fulgurante des thèmes majeurs qui sous-tendent son art poétique : au cœur du poème naît le monde comme la lumière au cœur d’une nuit vorace.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
11 octobre 1974

Membres du jury :
Clément Moisan (président)
Monique Bosco
Jean-Marie Poupart
Pierre Savard
Antoine Sirois

Crédit photo :
  • Bernard Vallée
Texte :
  • Pierre Filion