Roger Lecomte, lauréate

Naissance le 11 juillet 1951 à St-Sébastien d'Iberville, décès le à 

Entrevue

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Biographie

Dès le début de ses études en physique à l’Université de Montréal, Roger Lecomte démontre un intérêt marqué pour les applications de sa discipline dans le domaine de la santé, tout en privilégiant une approche multidisciplinaire. Aujourd’hui professeur au Département de médecine nucléaire et de radiobiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, il témoigne : « J’ai toujours eu de la facilité dans les sciences. Quand est venu le temps de s’inscrire à l’université, il a fallu que je fasse un choix. J’ai été attiré par la physique, sa rigueur mathématique, par le fait qu’on va au fond des choses, mais en même temps cela me peinait d’abandonner la chimie, la biologie. »

C’est ainsi qu’il devient le seul diplômé de sa promotion à détenir une spécialité en biophysique. Il poursuit ensuite ses études en physique appliquée et obtient un doctorat en physique nucléaire expérimentale en 1981, toujours à l’Université de Montréal.

Lorsqu’il se joint à l’Université de Sherbrooke, en 1981, il n’a pas de plan précis. « J’ai choisi Sherbrooke, car cette université offrait un département clinique et recherche, je trouvais particulièrement intéressant d’évoluer dans ce milieu mixte de cliniciens et de chercheurs. »

Naît alors pour lui l’idée d’exploiter les plus récentes percées technologiques en détection des radiations afin de construire des appareils d’imagerie médicale plus performants. C’est cependant à la suite de sa rencontre avec le docteur Robert J. McIntyre, de la compagnie RCA Optoélectronique (aujourd’hui Excelitas Technologies, à Vaudreuil-Dorion), que ses travaux sur l’amélioration de la technologie d’imagerie en médecine nucléaire prendront leur essor. Le docteur McIntyre avait inventé et mis au point des photodétecteurs à semi-conducteurs très performants, les photodiodes à avalanche, et il y a vu l’occasion de développer des applications pour l’imagerie médicale.

De cette collaboration découlera la réalisation la plus déterminante du professeur Lecomte : le premier tomographe à positron au monde à base de photodiodes à avalanche. La tomographie d’émission par positron (TEP) est une méthode d’imagerie médicale qui permet de mesurer en trois dimensions l’activité métabolique d’organes in vivo. La technologie développée par le professeur Lecomte a permis d’améliorer les performances en imagerie TEP, mais surtout d’élargir son champ d’application à l’imagerie préclinique sur modèle animal.

Il explique : « On a à la fois développé le détecteur, mais aussi l’électronique adaptée pour l’opérer. On a ensuite lancé un projet afin de construire le tomographe pour démontrer son potentiel à la communauté scientifique, demeurée sceptique. » S’ensuivra, dans les années 1990, la construction d’un tomographe pour petits animaux, destiné à la recherche. Dès 1994, les premières images du tomographe sont obtenues. Cet appareil restera en activité jusqu’en 2009, soit pendant près de 15 ans, ce qui est assez extraordinaire pour un tel prototype.

Plus encore, la mise au point de ce tomographe a grandement contribué à des avancées dans le domaine de l’imagerie préclinique et à l’émergence du nouveau champ de l’imagerie moléculaire. L’appareil a également permis d’asseoir la renommée scientifique de l’équipe de l’Université de Sherbrooke, qui fait alors figure de pionnière dans le domaine.

Quand il y repense, le professeur Lecomte admet qu’à première vue, rien ne présageait la réussite d’un projet d’une telle envergure en Estrie. « À Sherbrooke, il y avait à l’époque un bon département de médecine nucléaire et de recherche, cependant il n’y avait pas de cyclotron pour produire les radio-isotopes utilisés en tomographie par positron. Il y avait bien un embryon de radiochimie et quelques ressources en microélectronique, mais en fait, il n’y avait aucune raison de le faire à Sherbrooke. C’était même un projet un peu fou! »

Mais il ajoute : « Il faut parfois poursuivre des idées folles, ça peut fonctionner! » Pour preuve, ses travaux ont contribué à faire de l’Université de Sherbrooke un lieu incontournable de la recherche en imagerie moléculaire au Canada, en plus de lui valoir une reconnaissance à l’international.

Le Centre d’imagerie moléculaire de Sherbrooke (CIMS), dont le professeur Lecomte assure la direction scientifique depuis 2008, est le premier centre de cette envergure au Canada et également le plus actif. Il regroupe l’imagerie préclinique et clinique, ainsi que l’ensemble des ressources pour le développement, la validation et la production de nouveaux radiotraceurs et de nouvelles méthodes d’imagerie, incluant la mise au point et la fabrication de nouveaux appareils pour l’imagerie tridimensionnelle chez l’animal, et éventuellement chez l’humain.

Outre le poste de chef scientifique du CIMS, Roger Lecomte est également le directeur de l’Axe d’imagerie médicale du Centre de recherche clinique Étienne-Le Bel du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) qui regroupe une trentaine de chercheurs œuvrant dans le domaine de l’imagerie médicale à l’Université de Sherbrooke et dans ses établissements affiliés. Ce regroupement renforce encore la place de choix de l’Université et du CHUS dans ce domaine de pointe.

Ses projets actuels et futurs, le professeur les situe encore à l’Université de Sherbrooke. Parmi ceux-ci, il travaille à combiner les technologies de la tomographie par positron avec celles de la tomographie d’émission monophotonique et de la tomodensitométrie dans un seul appareil en utilisant le même procédé de détection à base de photodiodes à avalanche, le but étant toujours d’obtenir l’information la plus complète possible en exploitant au mieux chacune des modalités d’imagerie. De plus, le professeur Lecomte souhaiterait pouvoir adapter la technologie développée spécifiquement pour les petits animaux aux appareils d’imagerie clinique pour l’humain. Pour y parvenir, il cherche, avec son équipe et ses proches collaborateurs, à intégrer davantage le système de détection pour en diminuer les coûts.

Parallèlement à ses recherches, le professeur Lecomte est un enseignant passionné qui cherche à transmettre à ses étudiants une forme d’optimisme dans leur vision. Pour lui, il est important lorsqu’on entreprend des études « de plonger complètement dans un sujet. Quand on a une bonne formation et de l’énergie, beaucoup d’occasions peuvent se présenter. Il ne faut pas être trop inquiet de l’avenir ». Ainsi, pour lui, les qualités d’un chercheur sont la créativité, l’innovation, mais aussi la compétitivité et la persévérance.

Compétitivité et persévérance sont d’ailleurs deux qualificatifs qui conviennent parfaitement pour décrire la volonté du professeur Lecomte à faire reconnaitre le potentiel de son invention. Cette ténacité en a valu la peine, car la version commerciale de la technologie qu’il a développée avec ses partenaires, le LabPETtm, a été lancée sur le marché par l’entreprise en émergence Avancement moléculaire en imagerie (AMI) inc. (maintenant Gamma Medica (Canada) inc.), qu’il a fondée avec deux de ses ex-étudiants, et a été distribuée à l’échelle mondiale par la compagnie GE Healthcare jusqu’en 2011. Aujourd’hui commercialisé par TriFoil Imaging, deuxième fournisseur de systèmes d’imagerie nucléaire préclinique, le LabPETtm et son dérivé trimodalité, le Triumphtm, occupent plus du tiers des parts de marché mondial.

Les travaux et l’expertise du professeur Lecomte ont été reconnus à plusieurs reprises, que ce soit à l’échelle institutionnelle ou encore nationale. Il a, entre autres, reçu trois prix conjointement avec le docteur Réjean Fontaine pour la réalisation du scanner LabPETtm : l’Integration Award 2006 de la Canadian Microelectronics Corporation, le Oustanding Senior Research Award 2008 de la Canadian Medical and Biological Engineering Society, et le Prix de distinction David E. Mitchell 2012 de la Fondation des Prix d’innovation Ernest C. Manning. Le professeur Lecomte a également reçu en 2009 le prix J.-Armand-Bombardier pour l’innovation technologique de l’Association francophone pour le savoir (Acfas). Le succès commercial des tomographes développés à partir de sa technologie a aussi été souligné par la remise du prix Célébrons le partenariat!, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), qu’il a reçu conjointement avec le docteur Fontaine et la compagnie Gamma Medica (Canada) inc.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
12 novembre 2013

Membres du jury :
Abdelrrazak El Ouafi
Alain Kirouac
Claire Lavallée
Patrick Paultre

Crédit photo :
  • Rémy Boily
Crédit vidéo :
Production : Sylvain Caron Productions Inc.
Réalisation : Sylvain Caron
Coordinateur de production : Frédéric Blais-Bélanger
Caméra et direction photo : Frédéric Blais-Bélanger
Prise de son : Serge Bouvier, Jean-François Paradis
Maquillage : Camille Rouleau
Montage : Frédéric Blais-Bélanger, Sylvain Caron, Ian Morin
Mixage sonore : Studio SonG
Musique originale : Luc Gauthier
Entrevues : Suzanne Laberge
Texte :
  • MESRST