Solange Chalvin, lauréate

Naissance le 20 mars 1932 à Montréal, décès le 20 octobre 2024 à 

Entrevue

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Biographie

Par moments menée sous les projecteurs, à d’autres dans les coulisses, toute la carrière de Solange Chalvin converge néanmoins vers une seule grande passion : la promotion de la langue française. L’apport de cette femme engagée à la francisation des milieux de travail, couplé à une rigueur et à une détermination sans faille, lui vaut, en 2020, le titre de lauréate du prix Georges-Émile-Lapalme.

« Je suis particulièrement touchée par cette reconnaissance du nom de Georges-Émile Lapalme, premier titulaire des Affaires culturelles du Québec, qui, avec Paul Gérin-Lajoie et Guy Rocher, représente pour moi la Révolution tranquille au Québec, ce moment charnière de notre histoire. Cette génération de précurseurs m’a inspirée », dit-elle.

Dès ses débuts dans les années 1960 comme jeune journaliste au quotidien Le Devoir, Solange Chalvin manifeste un intérêt marqué pour la langue française. Parmi les premières femmes à exercer cette profession dans une grande entreprise de presse, elle y sera nommée responsable d’une page destinée au lectorat féminin. Grâce à sa plume, toujours à l’affût du mot juste, et à son aplomb, elle aura inspiré de nombreuses jeunes femmes qui amorceront une carrière en journalisme.

En 1962, Solange Chalvin exprime ses préoccupations à l’égard de la qualité de la langue française dans les manuels scolaires de l’époque dans Comment on abrutit nos enfants, un essai pamphlétaire coécrit avec son mari, Michel Chalvin. Ce livre-choc aura une influence sur la réforme de l’éducation et la commission Parent, un jalon déterminant de la Révolution tranquille.

Plus tard, elle poursuit sa carrière dans la haute fonction publique québécoise, où elle laissera sa marque par sa contribution exceptionnelle à la promotion et à la qualité de la langue française. D’abord directrice des bureaux régionaux, puis de la francisation des entreprises, de l’administration et des ordres professionnels, et par la suite des services linguistiques à l’Office québécois de la langue française (OQLF), Solange Chalvin a assuré la mise en place de la Charte de la langue française, dans toutes les régions et une majorité d’entreprises.

« Je suis particulièrement fière de ma contribution au débat public, aussi bien comme journaliste au Devoir durant près de 20 ans que comme gestionnaire à l’Office de la langue française, aujourd’hui l’OQLF. J’adore les défis. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours travaillé dans des organismes jeunes ou en pleine croissance, comme le Comité pour la protection de la jeunesse, l’Office des services de garde à l’enfance et l’Office de la langue française », précise-t-elle.

L’action et le leadership de Solange Chalvin ont grandement contribué à ce que la Charte de la langue française atteigne son but fondamental, soit de faire du Québec une société francophone. Celle-ci a ainsi participé à la francisation des entreprises et des ordres professionnels, dans les directives, la langue de travail, les manuels techniques et les rapports officiels. Pour ce faire, elle s’est investie pour convaincre les plus récalcitrants, en privilégiant la pédagogie et l’accompagnement auprès de ses différents interlocuteurs, plutôt que l’aspect coercitif de la loi.

Par effet collatéral, ces réussites pour la défense et la promotion de la langue française ont mené à la création de multiples outils terminologiques pour populariser l’emploi du français en remplacement de la langue anglaise, autrefois couramment utilisée dans certains domaines. Pour Solange Chalvin, la préservation de la langue française passe par le désir de l’écrire et de la parler correctement. Ainsi, elle n’est pas étrangère au fait qu’aujourd’hui, de nombreux secteurs, dont ceux de l’automobile, de la mécanique, de la construction ou encore du transport, utilisent essentiellement une terminologie française.

« J’aspire toujours à convaincre le personnel enseignant, les membres des ordres professionnels, les syndicats et les différentes associations culturelles de leur rôle déterminant dans le maintien et l’amélioration de la qualité de la langue française au Québec. La sauvegarde du français est l’affaire de tous, non seulement celle du législateur », est-elle convaincue.

Sans contredit, le travail de l’ombre de cette femme au parcours exemplaire mérite d’être exposé à la lumière. Solange Chalvin a joué un rôle crucial dans la francisation de la société québécoise par la promotion du statut et de la qualité de la langue française. En outre, sa contribution remarquable a servi à confirmer la légitimité et l’autorité de l’OQLF autant dans les milieux de travail et l’administration publique qu’auprès de la population.

Information complémentaire

Membres du jury

Diane Cousineau

Louis Hamelin

Jacques Lafontaine

Marie-Andrée Lamontagne

Jean Pettigrew

Crédit photo :
  • Éric Labonté