Sylvie Belleville, spécialiste reconnue dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, est une pionnière dans la recherche sur le prodrome de cette maladie et sur la santé cognitive des personnes âgées. Ses travaux ont permis d’identifier des marqueurs précoces de la maladie et de développer des interventions reconnues mondialement, contribuant ainsi à une meilleure détection et à une prise en charge plus efficace de la maladie. Elle a dirigé le Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal (CRIUGM) pendant plus d’une décennie, et sa carrière est marquée par la création de structures comme le Consortium pour l’identification précoce de la maladie d’Alzheimer (CIMA-Q). Ses recherches ont un impact considérable sur la prévention et le ralentissement de la détérioration cognitive. Pour elle, recevoir un Prix du Québec représente beaucoup : « [c’]est un grand bonheur et une immense fierté d’être reconnue par le Québec, qui a créé tout au long de ma carrière un environnement exceptionnel où j’ai pu déployer mes ailes et me consacrer avec passion à la recherche dans le domaine du vieillissement. Je ressens également une profonde émotion, car cette récompense transcende ma personne et rejaillit sur ma mission : témoigner de l’importance du vieillissement, de ses effets sur le cerveau et sur la cognition, et de la possibilité que nous avons d’agir pour préserver et améliorer la santé cognitive à tout âge. »
La carrière de Sylvie Belleville est jalonnée d’initiatives novatrices ayant des répercussions profondes sur la recherche et les politiques publiques en matière de vieillissement. Après avoir obtenu un doctorat en psychologie à l’Université McGill, elle a ouvert la voie à l’étude des prodromes de la maladie d’Alzheimer, identifiant des signes précurseurs qui permettent d’en prévoir l’apparition plusieurs années avant les symptômes cliniques. Ces avancées ont donné lieu à des interventions précoces qui ralentissent la progression de la maladie et qui sont aujourd’hui largement utilisées dans le monde.
En tant que directrice du CRIUGM de 2009 à 2021, elle a su transformer cet institut, qui est ainsi devenu le plus grand centre de recherche en gériatrie de la francophonie. Le nombre de chercheuses et chercheurs affiliés a considérablement augmenté sous sa direction, et elle a contribué à la création d’une banque de participants regroupant près de 1 200 personnes qui contribuent à des recherches à grande échelle sur le vieillissement. Elle a également dirigé le CIMA-Q, un consortium de plus de 130 chercheuses et chercheurs qui travaillent à identifier des symptômes précoces de la maladie d’Alzheimer. L’effet de cette initiative se fait déjà ressentir dans les domaines de la neurologie et des sciences cognitives.
En 2014, elle a lancé le programme AvantÂge, qui s’est donné pour mission de diffuser les résultats de ses recherches auprès du grand public à travers des conférences et des ateliers. Ce programme a touché près de 45 000 personnes vieillissantes en les sensibilisant aux stratégies susceptibles de préserver leur santé cognitive.
Aujourd’hui, elle est également directrice du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement (RQRV), qui fédère plus de 500 chercheuses et chercheurs de partout au Québec. Sous sa direction, le RQRV est devenu un acteur clé de la recherche intersectorielle sur le vieillissement au Québec. L’objectif principal de ce réseau est de promouvoir la collaboration entre différents secteurs pour répondre aux défis posés par une population vieillissante.
« Je suis très fière d’avoir contribué à mieux comprendre et intervenir dans les phases très précoces de la maladie d’Alzheimer. Mes travaux ont révélé que les phénomènes de plasticité cérébrale étaient à l’œuvre lors du vieillissement et dans les premiers stades de la maladie. Je suis également fière d’avoir [contribué à la création et] au développement de structures qui font avancer les connaissances sur le vieillissement et la maladie d’Alzheimer. »
Sylvie Belleville voit encore de nombreux défis à relever dans les années à venir. Elle souhaite non seulement continuer à faire avancer la recherche sur le vieillissement, mais aussi s’assurer que les résultats de ses travaux seront mis en œuvre sur le terrain pour améliorer la qualité de vie des personnes aînées.
« Même si le domaine a beaucoup progressé sur le plan scientifique, l’une des leçons les plus marquantes de ma carrière est qu’il n’est jamais simple d’amener les découvertes scientifiques sur le terrain. C’est l’un de mes objectifs pour les prochaines années : faire en sorte que les outils, programmes, interventions et initiatives que les chercheurs développent pour favoriser la santé cognitive puissent être accessibles et utiles par ceux-là mêmes qui en ont besoin. »
Sylvie Belleville continue d’inspirer, avec l’objectif de changer la vision du vieillissement, pour qu’il soit perçu comme une occasion d’enrichissement et ouvre de nouvelles perspectives.