Valérie Langlois, lauréate

Biographie

Valérie Langlois étudie les effets sur les vertébrés des contaminants qui polluent les cours d’eau du Québec, un travail destiné à protéger aussi bien la santé publique que l’environnement.

Elle bâtit avec une rapidité inouïe sa jeune carrière de chercheuse en environnement. La recette de son succès? Une vision inspirée de l’équilibre de la nature. « Je me suis entourée d’étudiantes et d’étudiants qui proviennent de différents milieux et qui sont tous passionnés par le sujet, précise-t-elle. Seul, on va vite; ensemble, on va loin. Les membres de mon équipe se complètent. Exactement comme dans un écosystème! »

En moins d’une décennie, l’ambitieuse professionnelle a récolté plus de 23 millions de dollars en subventions avec ses collègues, encadré environ 95 étudiantes et étudiants et publié quelque 60 articles dans des revues de premier plan. En 2010, elle remporte le prix de la meilleure thèse de doctorat interdisciplinaire défendue à l’Université d’Ottawa, puis devient professeure au Collège militaire royal du Canada l’année suivante. Après avoir reçu une première chaire de recherche du Canada, la voilà qui accepte, en 2017, un poste au Centre Eau Terre Environnement de l’Institut national de la recherche scientifique. Elle obtient au passage des honneurs à foison, dont le Prix d’excellence de la relève de l’Université du Québec et la distinction Gorbman-Bern en endocrinologie comparée. À sa liste s’ajoute désormais le Prix du Québec dans la catégorie Relève scientifique.

Titulaire pour la seconde fois de la Chaire de recherche du Canada en écotoxicogénomique et perturbation endocrinienne, Valérie Langlois étudie les effets de divers polluants sur les vertébrés. Elle adopte la même approche que les contaminants qu’elle analyse : l’interconnexion. En effet, les substances toxiques d’origine humaine ne restent pas sagement captives dans les lacs et rivières. Elles finissent par se retrouver dans les cellules des poissons, des grenouilles, des oiseaux, des ours polaires! C’est ce que la professeure examine par une méthode qui allie biologie moléculaire, biochimie, chimie et toxicologie environnementale.

En mai 2020, cette fonceuse a ainsi obtenu du financement pour mettre sur pied le Centre intersectoriel d’analyse des perturbateurs endocriniens. Cet organisme regroupe des chercheurs des deux sexes, issus aussi bien de la médecine que du traitement des eaux ou du journalisme. Sa mission? Informer la population canadienne sur ces polluants qui altèrent les hormones et contribuer aux efforts pour les identifier et mieux les gérer.

« Cela fait près de 60 ans qu’on sait que certains contaminants perturbent le système endocrinien, qui fabrique les hormones des êtres vivants, notamment des humains », remarque la spécialiste. Son équipe a repéré des dizaines de substances qui dérangent la sécrétion de la dihydrotestostérone, une hormone essentielle à la reproduction chez les mâles. « Pourtant, encore très peu de ces contaminants sont réglementés. »

La chercheuse se distingue aussi mondialement par ses découvertes sur la toxicité du bitume dilué, la forme de pétrole qui transite dans les oléoducs. Dans un lac expérimental de l’Institut international du développement durable, elle a effectué avec ses collègues de petits déversements contrôlés sur les rives. L’équipe tente ainsi de déterminer le meilleur moyen de remédier à un éventuel épanchement de cette substance dans une étendue d’eau douce, sans nuire davantage aux organismes aquatiques s’y abritant. Ce nouveau champ d’expertise est d’autant plus crucial que certains hydrocarbures deviennent encore plus dommageables pour l’environnement en vieillissant. Un phénomène que la spécialiste a mis en lumière en identifiant plusieurs composés oxydés toxiques générés avec le temps.

Même s’il faut du temps pour modifier les réglementations sur les contaminants, cette optimiste dans l’âme garde espoir. La société peut changer, comme en témoigne le bannissement de produits tels les biphényles polychlorés (BPC). La professeure collabore donc avec les autorités, les organismes à but non lucratif et les entreprises pour maximiser la portée de ses découvertes. Déjà, le gouvernement du Québec a choisi son laboratoire pour développer des outils ultrasensibles capables de détecter les perturbateurs endocriniens dans les rejets municipaux et industriels.

Par ailleurs, Valérie Langlois étudie une longue liste de molécules encore non réglementées par le Canada; par exemple, les colorants qui imprègnent nos vêtements. Les données générées vont étoffer le Plan de gestion des produits chimiques du Canada, qui vise la réduction des risques. Le rêve de cette mère de deux fillettes? Que les humains utilisent des substances et des matériaux qui s’intègrent dans un cycle durable, pour que plus jamais on ne retrouve de traces de contaminants dans les cellules d’une grenouille.

Information complémentaire

Membres des jurys

Benoît Sévigny (président)

Jérôme Dupras (président)

Gabrielle Collu

Daria Riabinina

Jérôme Cabana

Aurélie Licois

Isabelle Gandilhon