Arthur Lamothe, lauréate

Naissance le 7 décembre 1928 à Saint-Mont (France), décès le 18 septembre 2013 à Montréal

Biographie

L’œuvre d’Arthur Lamothe est dominée par un monument, soit sa Chronique
des Indiens du Nord-Est du Québec
, une série de 13 longs et
moyens métrages réalisés entre 1973 et 1983. Dans cette
série, qui trouve son prolongement et son aboutissement dans Mémoire
battante
(1983), Lamothe impose une conception du cinéma entièrement
soumise à une éthique stricte et à une honnêteté
morale sans faille qui lui permettent d’approcher la culture amérindienne
en évitant les pièges de la mauvaise conscience et du manichéisme.

Arrivé au Québec en 1953, Lamothe étudie l’économie
politique à l’Université de Montréal et tient des chroniques
sur le cinéma dans plusieurs publications (Cité Libre, Liberté)
avant de devenir recherchiste et scénariste à l’Office national
du film (ONF). Bûcherons de la Manouane (1962), pour lequel il
met à profit une expérience de bûcheron acquise en Abitibi,
marque ses débuts de cinéaste. Ce court métrage, devenu
un classique de la cinématographie québécoise, démontre
que Lamothe considère que le cinéma est un outil d’engagement
social. À ce propos, Yvan Patry écrit : « (Le cinéma
direct de Lamothe) témoigne de la présence du regard d’un homme
sur d’autres, d’un regard engagé, viril et non point compatissant. »
Le Mépris n’aura qu’un temps (1969), commandité par la
Centrale des syndicats nationaux (CSN), illustrera de façon éloquente
la qualité de ce regard. Le cinéaste y prend comme point de départ
la mort de sept ouvriers pour parler de l’exploitation des travailleurs sous
toutes ses formes.

On peut donc affirmer que cette conception sociale du cinéma de même
que cette « simplicité qui lui tient lieu d’esthétique »
(selon la séduisante formule de Robert Daudelin) sont à l’origine
de la réussite du travail d’Arthur Lamothe auprès des Amérindiens.
C’est ainsi qu’avec Maurice Bulbulian – mais bien avant ce dernier –
Lamothe a été l’observateur et l’analyste le plus attentif de
la société et de la culture amérindiennes. Rien d’étonnant,
donc, à ce que le cinéaste ait consacré son quatrième
long métrage de fiction, Le Silence des fusils, à un incident
tragique impliquant de jeunes Montagnais.

Arthur Lamothe est un homme de passion capable d’émouvoir autant que
de convaincre. Son cinéma est un enseignement, un exemple pour quiconque
tourne sa caméra vers une culture qui n’est pas la sienne. Alain Resnais
disait qu’un « travelling est affaire de morale. » La phrase a depuis
été abondamment citée, mais bien peu de gens l’ont comprise,
et encore moins nombreux sont ceux qui l’ont vécue. Arthur Lamothe compte
parmi ceux-là.

Information complémentaire

Date de remise du prix :
26 novembre 1980

Membres du jury :
Michel Bouchard (président)
Claude Godbout
René Malo
Louise Surprenant
Marcel Venne
Crédit photo :
  • Cinémathèque québécoise
Texte :
  • Marcel Jean