Figure incontournable de la scène musicale québécoise, François Cousineau lui apporte sa couleur toute personnelle depuis plus de 6 décennies. Tour à tour compositeur, pianiste, chef d’orchestre et arrangeur, ce créateur aux multiples talents a influencé la musique québécoise à bien des égards. Naviguant avec aisance à travers divers courants musicaux, il garde le cap sur l’importance de susciter l’émotion, conférant à ses créations un caractère intemporel et une consonance bien d’ici.
Ses premiers apprentissages musicaux remontent à l’enfance, alors qu’il commence à jouer du piano à 5 ans. Une formation atypique le conduit à obtenir un baccalauréat en piano à l’École de musique Vincent d’Indy en 1961, pour ensuite devenir membre du Barreau du Québec en 1966.
À la même période, sur un texte de Clémence DesRochers, il compose sa première chanson, La Robe de soie. Alors qu’elle le remarque dans une prestation improvisée au piano, Pauline Julien, convaincue de son énorme potentiel, l’engage pour sa tournée qui les mène, de 1962 à 1969, au Québec, en France et en Union soviétique.
Entre temps, François Cousineau crée la musique de pièces de théâtre et compose celle de la revue musicale féministe Les Girls. Lors d’une représentation, il fait la connaissance de Diane Dufresne, qui y tient un rôle, et de Luc Plamondon. Ensemble, ils transforment le paysage musical des années 1970 par le recours à des sonorités. rock, jazz et pop encore inédites à l’époque.
Ce « trio infernal » écrit ensemble 50 chansons et lance la carrière de la diva québécoise avec le disque Tiens-toé ben, j’arrive! (1972). François Cousineau y signe des œuvres élevées depuis au rang de classiques, à l’image du titre J’ai rencontré l’homme de ma vie. Outre cette mythique collaboration, il compose, joue et arrange les titres d’une foule d’interprètes aux genres musicaux variés, tels que Jean-Pierre Ferland, Renée Claude, Céline Dion, Fabienne Thibeault ou Maxime Le Forestier. Il crée en outre pour la trame sonore de 8 longs métrages, en plus de composer pour la radio et la télévision.
À la radio, il fait état de sa polyvalence en tant que chef d’orchestre, pianiste et arrangeur pour les émissions Place aux femmes (1968-1970) et Studio 11 (1971). À la télévision, il travaille en tant que compositeur et directeur musical pour de nombreuses émissions de Radio-Canada, dont Jeunesse oblige (1967), et s’illustre particulièrement aux côtés de Lise Payette dans le célèbre talk-show Appelez-moi Lise (1972-1975). Plusieurs centaines d’émissions du téléroman Marilyn (1992-1994), diffusé quotidiennement, se parent de sa musique, de même que les galas Bye bye et autres thèmes publicitaires radiophoniques et télédiffusés, lesquels se comptent par plusieurs centaines.
Ainsi, François Cousineau est reconnu comme l’un des pionniers des métiers de compositeur, d’arrangeur et de chef d’orchestre à la télévision québécoise. Pour beaucoup, il a également contribué à l’ouverture du Québec sur des œuvres et des styles d’ailleurs, jusque-là moins connus.
« Mon respect pour la musique me pousse à donner le maximum de moi-même dans la création, à travailler jusqu’à trouver une élégance, une mélodie, une texture originale, touchante pour chaque pièce. La vraie confirmation, [elle vient] des gens qui écoutent la musique; ce sont eux qui te donnent de la valeur », soutient celui qui aspire plus que tout à faire entendre sa musique et à susciter l’intérêt pour son art.
C’est probablement ce qui le pousse à composer en solo. En 1999, il sort un premier album de musique instrumentale. Malgré les défis de visibilité et de diffusion de ce type de production, cet opus s’écoule à 10 000 exemplaires. Puis paraissent Veux-tu que j’t’aime? (2000) et Clin d’œil à des amis (2003), dans lesquels il fait entendre sa voix.
Fervent défenseur du droit d’auteur, l’avocat de formation met sa pratique au service de la musique qu’il chérit. Président fondateur de la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada (SODRAC), membre fondateur de la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec et président de la Société canadienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SOCAN) de 1994 à 1996, directeur des conseils d’administration depuis plus de 20 ans à la SOCAN et à la SODRAC : les fonctions qu’il occupe sont multiples et leurs effets, tangibles.
Depuis ses débuts, François Cousineau laisse sa marque partout où il se produit. Un prix éponyme créé en 2006 par la SOCAN récompense d’ailleurs une compositrice ou un compositeur de musique de chansons pour l’excellence de son travail. L’homme demeure toujours aussi passionné par les défis de création, ce qui s’est récemment traduit par 2 compilations numériques, Odyssée et Nuits blanches, ainsi que son album piano solo Mémoires, parus en 2022.
« On ne met pas fin à une carrière comme on met fin à la construction d’un édifice, d’un pont, ou à une série, un film, une chanson, explique l’intarissable créateur. Une carrière, ça se termine quand la mort arrive. Alors je ne mettrai pas fin à ma carrière de compositeur de mon vivant, parce qu’elle est là depuis ma jeunesse. »