Au cours des 4 dernières décennies, Louis Mercier s’est imposé comme un acteur clé des réussites lexicographiques du Québec et a participé à l’enrichissement de la description de la langue française. Sa contribution à la reconnaissance, à la mise en valeur et au rayonnement du français tel qu’il est parlé ici n’est rien de moins que remarquable. Plus qu’une référence en matière de lexicographie francophone, le linguiste et lexicologue réputé s’est révélé un véritable promoteur de ce patrimoine linguistique collectif et vivant, en œuvrant à lui donner une réelle légitimité et à en faire un objet de fierté.
Louis Mercier dit recevoir le prix Georges-Émile-Lapalme comme « la reconnaissance par l’État québécois de la pertinence de [son] engagement à servir la description et la mise en valeur du français québécois, et de l’utilité collective de l’humble travail d’artisanat lexicographique qui [l’]occupe depuis 40 ans ».
Ses travaux de recherche portent notamment sur les liens étroits entre la langue, la société et la culture ainsi que sur la mise en perspective lexicographique des variétés de français avec, au premier plan, celle du Québec. Le chercheur s’est particulièrement intéressé au traitement des noms d’espèces naturelles dans les dictionnaires du français. Aujourd’hui à la retraite, ce passionné des mots continue de travailler au développement numérique d’un dictionnaire historique des noms français des oiseaux du monde, dont les 500 premiers articles sont accessibles en ligne depuis février 2022.
Pour Louis Mercier, l’environnement numérique contribue au renouvellement de la pratique de la lexicographie. Son dynamisme, sa facilité d’accès et son usage collaboratif, entre autres, permettent non seulement de faire évoluer les contenus en fonction de l’avancement des connaissances, mais également de faire profiter rapidement le public de cette évolution. Le chercheur a collaboré à des ouvrages majeurs et novateurs en ce sens qui ont fait, en outre, progresser les savoirs sur la variété de français parlé au Québec.
Parmi ceux-ci, notons l’Index lexicologique québécois, un corpus informatisé créé par le Trésor de la langue française au Québec à la fin des années 1970, et le dictionnaire Usito, premier dictionnaire général du français entièrement développé dans un environnement numérique. Le premier a bénéficié des compétences du chercheur alors en début de carrière, de 1981 à 1985, tandis que le second, de son expertise confirmée, à titre de conseiller éditorial et responsable de la description des mots de la flore et de la faune, dans les années 2000-2010.
Accessibles en ligne gratuitement, ces réalisations constituent des repères incontournables. Aujourd’hui, l’Index recense plus de 100 000 formes de mots et comporte plus de 500 000 références bibliographiques. Quant à Usito, développé sous la direction éditoriale, entre autres, d’Hélène Cajolet-Laganière, il compte plus de 2 millions d’utilisateurs et d’utilisatrices au Québec, au Canada et dans la francophonie. Louis Mercier se dit particulièrement fier d’avoir participé à la rédaction de ce dictionnaire. « La description moderne et ouverte du français qu’offre Usito témoigne avec éloquence de la richesse du français en usage au Québec, de la place centrale que cette variété occupe dans la culture québécoise, ainsi que de son profond ancrage dans le contexte nord-américain », précise-t-il.
En plus de ces 2 contributions marquantes, le lexicographe a notamment participé à la rédaction du Dictionnaire du français Plus (1988) et du Dictionnaire historique du français québécois (1998), sous la direction de Claude Poirier. Ce dernier ouvrage constitue un apport majeur à la connaissance de l’histoire du français québécois.
Professeur et chercheur à l’Université de Sherbrooke de 1994 à 2015, Louis Mercier y a également occupé pendant 13 ans les fonctions de directeur du Centre d’analyse et de traitement informatique du français québécois, renommé depuis Centre de recherche interuniversitaire sur le français en usage au Québec. Si ce lieu d’excellence, dont il est toujours membre, a acquis une large reconnaissance dans la francophonie, c’est grâce notamment à son dynamisme comme directeur et à son engagement dans le développement et le rayonnement de la recherche sur le français québécois.
Soucieux d’assurer la transmission du patrimoine linguistique du Québec, Louis Mercier a contribué à former une relève lexicographique qualifiée et à rendre le savoir des dictionnaires accessible à un vaste public. Selon lui, « les lexicographes de la relève ne devront pas hésiter à innover pour tenir compte de l’évolution de la société québécoise et de ses questionnements linguistiques ».