Robert Lalonde, lauréate

Naissance le 22 juillet 1947 à Oka, décès le à 

Robert Lalonde, prix Athanase-David 2023

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Biographie

À la fois bachelier ès arts du Séminaire de Sainte-Thérèse et diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en interprétation théâtrale, Robert Lalonde poursuit depuis plus de 40 ans une double carrière d’acteur sensible et d’auteur prolifique. Jusqu’ici, son œuvre littéraire constituée d’une trentaine de romans, nouvelles, carnets et recueils de poésie lui a valu un vaste lectorat et de nombreux prix.

Au théâtre, à la télévision et au cinéma, il a joué dans plusieurs productions, dont l’une tirée d’un de ses romans, C’est le cœur qui meurt en dernier. Dans cette œuvre cinématographique qui décrit avec justesse et compassion la relation à l’enfance et à la famille, le comédien incarne un barman, aux côtés, notamment, de Denise Filiatrault.

Avec un lyrisme et un souffle poétique intemporels, l’auteur maîtrise admirablement l’écriture de l’intime à travers différents genres : le roman, mais aussi le récit, le carnet, tout comme la nouvelle et la poésie. Avec sa façon toute personnelle de concevoir et de percevoir l’être, il sait donner naissance à des œuvres qui élèvent et ravissent ses lectrices et lecteurs. L’académicien et écrivain Dany Laferrière souligne que « c’est un conteur, un critique à l’œil vif, un mémorialiste, un romancier pouvant multiplier les strates sans nous ensevelir sous les détails et les théories ».

En plus d’obtenir la faveur de ses fidèles lectrices et lecteurs du Québec, ses écrits traversent les frontières. Il est d’ailleurs l’un des premiers auteurs québécois à avoir publié dans des maisons d’éditions européennes. Non seulement on s’émerveille de leur splendeur dans toute la Francophonie, mais presque tous sont traduits en anglais ou encore en espagnol, en italien ou en roumain, au grand bonheur de son vaste public. Il consacre aussi une partie de son temps à traduire et à adapter des œuvres littéraires et théâtrales. Anne Michaels, maintes fois récompensée au Canada anglais, lui doit en partie de s’être fait connaître dans la langue de Molière avec la traduction de son livre Fugitive Pieces (La mémoire en fuite).

Reconnu pour l’efficacité et la beauté de ses descriptions, l’auteur natif d’Oka affectionne particulièrement certains thèmes, récurrents dans son œuvre. La marginalité, l’ambiguïté sexuelle, l’altérité et la réalité des communautés autochtones y reviennent souvent, tel un rituel. Les ombres révélées, les reflets déformés des apparences, la contemplation active de l’être, le bruissement des âmes, le déferlement des passions, l’embrasement des corps sont rendus à merveille dans son écriture incandescente. Feu Marie-Claire Blais, l’une de ses dévouées lectrices, expliquait : « C’est le drame humain qui nous émeut le plus, la destinée de chacun, le conflit intérieur que traverse chacun de ses personnages qui est décrit avec une bouleversante sincérité. » L’écrivain trouve les mots justes pour évoquer notamment l’adolescence, cette période à la fois bouillonnante, enivrante et terrifiante. Michel Tremblay estime que sa description des confusions de l’adolescence est parmi les plus belles de la littérature québécoise. En témoignent Que vais-je devenir jusqu’à ce que je meure? ou encore Un poignard dans un mouchoir de soie.

Communicateur émérite, Robert Lalonde a su rallier toutes les générations et leur transmettre son amour pour l’art, que ce soit à travers la direction artistique de théâtres montréalais, des conférences ou encore l’enseignement en littérature et en art dramatique dans diverses institutions et classes de maître. Les drames humains qu’il dépeint brillamment sont d’ailleurs lus et étudiés tant ici qu’en Pologne, en Sicile et en Calabre, notamment. Emblème des mutations de la littérature québécoise, l’auteur est entré en 2007 dans le manuel d’enseignement Histoire de la littérature québécoise.

Sa carrière prolifique et son talent ont été récompensés d’une dizaine de prix et distinctions au fil des ans. En tant qu’écrivain, Robert Lalonde s’est fait remarquer dès la parution de sa toute première œuvre, La belle épouvante, laquelle lui vaut en 1980 le prix Robert-Cliche qui souligne le meilleur premier roman. La puissance de cet ouvrage est encore à ce jour étudiée dans le parcours collégial et universitaire. Le petit aigle à tête blanche a également raflé plus d’un prix. En 2009, on lui décerne le prestigieux titre d’officier de l’Ordre du Canada.

« J’écris pour durer dans l’attention sans défaillir. J’écris pour prolonger l’épiphanie, assourdir les tambours du temps qui usent le cœur. J’écris parce que d’autres avant moi l’ont fait, me léguant la passion du vocabulaire. J’écris toujours parce qu’il est aussi difficile d’arrêter que de continuer », explique l’auteur fécond pour qui l’écriture fait partie intrinsèque de l’existence.

Information complémentaire

Membres du jury :

  • Marie-Hélène Vaugeois (présidente)
  • Simon Boulerice
  • Mario Brassard
  • Anne-Marie Olivier
Crédit photo :
  • Joanie Fortin